La Légion étrangère est-elle un modèle à suivre ? Qu'en est-il du mot "légionnaire" en lui-même ? Sa culture nous est familière, elle a des choses à dire à la société comme à l'Église. Elle nous invite à mener le bon combat. La métaphore militaire est omniprésente, que ce soit dans l'Ancien ou le Nouveau Testament. Alors, que signifie cet attirail militaire ? Céline Guillaume, présidente du groupe La Procure, publie Mener le bon combat : lecture croisée des lettres de Saint Paul et du code d'honneur du légionnaire.
Saint Paul compare le zèle apostolique au centurion romain, invitant à revêtir la ceinture de la vérité, la cuirasse de la justice, le bouclier de la foi, le casque du salut, et le glaive de l'Esprit, c'est-à-dire la parole de Dieu.
Face à la multiplication des conflits au Proche-Orient, en Europe, et à la violence qui se manifeste aussi en France, Céline Guillaume se dit frappée par la violence qui habite le monde et, par conséquent, notre âme. "L’objet de ce livre est d’essayer d'éclairer ce que l’on met derrière le mot combat. Je fais un lien entre le légionnaire, militaire surentraîné, et Saint Paul, qui mène un combat intérieur et spirituel." L’auteure décrit ce combat comme un combat intérieur, sans victimes. Personne n’est exempt de mener des combats, qu’ils soient contre la maladie, les idéologies ou personnels. Selon Céline Guillaume, le code d’honneur du légionnaire fournit des clés pour mener les bons combats.
La Légion offre à ces hommes venus des quatre coins du monde, de 145 nationalités, un droit à l’oubli.
La présidente du groupe La Procure a été attirée par la figure du légionnaire et par la forme de rédemption qu’offre la vie au sein de la Légion. "La Légion offre à ces hommes venus des quatre coins du monde, de 145 nationalités, un droit à l’oubli. Quand le candidat légionnaire arrive, on lui demande de tout raconter aux recruteurs, puis on n’en parle plus." Le légionnaire retenu quitte sa vie passée et adopte une nouvelle identité. Céline Guillaume ajoute que cette nouvelle vie, bien qu'exigeante et stricte, est marquée avant tout par la liberté, un principe que l’on retrouve dès l’article 1 du code d’honneur : "Légionnaire, tu es volontaire." Derrière le mot "volontaire", elle voit la liberté de s’engager. "Le légionnaire doit tout dire sur son passé, et la Légion doit aussi tout lui dire sur ce qui l’attend. Si elle ne dit pas tout, il est libre de rester ou de partir."
Au sein de la Légion se jouent des relations d’autorité, de gestion et d’obéissance, similaires à celles présentes dans l'Église. Selon Céline Guillaume, pour maintenir ces liens, il faut se souvenir que "l’autorité vient d’en bas." Elle souligne que le Christ ne parlait pas de façon autoritaire, mais avec autorité : "Le Christ parlait avec autorité, il ne s’imposait pas aux gens. L’autorité se reconnaît, elle est celle que l’on mérite, celle que nos subalternes nous reconnaissent ou non." Un autre parallèle entre l'Église et le légionnaire est la liberté d’engagement. Le légionnaire se met au service d’une cause, d’une vocation très particulière. "Je pense que la liberté, quand elle est bien exercée, engage. Une fois qu'on a pris cette décision librement et sans contrainte, il faut s’y tenir."
Le Christ parlait avec autorité, il ne s’imposait pas aux gens. L’autorité se reconnaît, elle est celle que l’on mérite, celle que nos subalternes nous reconnaissent ou non.
Pour Céline Guillaume, dans l’Église, le combat est spirituel. "Si l’on associe trop le combat à la violence, on s’éloigne de la voie du Christ. Soyons des combattants pour le bien, l’amour, la vérité." Dans une société marquée par le relativisme, où chacun pense avoir sa propre vérité, elle estime qu’au contraire, si chacun a sa vérité, alors celle-ci n’existe plus. "La vérité ne m’appartient pas, nous ne décidons pas de ce qu’elle est. Il faut la chercher, elle est un phare qui doit éclairer nos vies au quotidien."
Les légionnaires intègrent une nouvelle famille au sein de la Légion, régie par un code d’honneur composé de sept articles, qui parlent avant tout de liberté et de fraternité. Céline Guillaume explique que la fraternité, chez les légionnaires, se vit de manière très concrète : "Chaque légionnaire est ton frère, tu lui dois une solidarité absolue." Cette définition forte de la fraternité l’amène à s’interroger sur son incarnation dans la société civile en France. Elle invite à s'inspirer davantage de la manière de penser des légionnaires, qui, au combat, doivent agir sans passion et sans haine. "Que faisons-nous de cette invitation à ne pas agir avec passion et haine ? Si l’on ne se retient pas un peu, si l’on ne se contrôle pas, l’esprit de division peut conduire à la passion, à la haine, et devenir très destructeur." Céline Guillaume s’inquiète des échanges agressifs et haineux sur les réseaux sociaux et dans les débats télévisés. Elle ajoute que dans le code d’honneur du légionnaire, il y a le respect de l’ennemi vaincu : "On n’est pas très loin du Christ, qui nous dit d’aimer nos ennemis."
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