Londres est ce lundi le centre du monde. Les chefs d'État et les dirigeants viennent de tous les continents assister aux funérailles d'Elizabeth II. Une cérémonie que les Britanniques en deuil vont suivre avec émotion. À l’issue de cette journée de funérailles, la reine sera inhumée dans la chapelle Saint-George du château de Windsor, là où reposent ses parents - le roi Georges VI, la reine-mère - et sa sœur. Le cercueil du prince Philip sera déplacé dans cette chapelle pour demeurer aux côtés d'Elizabeth II.
Dès 12 heures, heure française, la cérémonie religieuse des funérailles d'Elizabeth II se déroule à l’abbaye de Westminster, en présence de plus de 2000 personnalités venues du monde entier. À l'issue de la cérémonie, un deuxième service religieux se tient à 17h, à la chapelle Saint-Georges, située à côté du château de Windsor. Un troisième service privé pour la famille et les proches de la reine a lieu dans la soirée.
Depuis le décès de la reine il y a 10 jours, le plan London Bridge est à l'œuvre. Cette opération, qui règle dans les moindres détails le protocole des funérailles d’Eliszabeth II, illustre le lien particulier entre la religion et la monarchie parlementaire britannique. "Le Royaume-Uni est une construction politique mais pas religieuse, explique Rémy Bethmont, il y a une Église d'État en Angleterre, l'Église anglicane, et une Église nationale en Écosse, qui est presbytérienne. Au Pays de Galles et en Irlande du Nord les Églises n'ont pas de lien avec l'État." Enseignant d'histoire et de civilisation britannique à l’université Paris-VIII, Rémy Bethmont insiste sur le fait que "le monarque en Angleterre et en Écosse incarne un lien extrêmement fort entre l'Église et l'État".
D’ailleurs en devenant roi, Charles III endosse non seulement le costume de chef d'État du Royaume-Uni et du Commonwealth, mais aussi celui de gouverneur suprême de l'Église anglicane. Un rôle essentiellement symbolique mais que le souverain doit incarner dans les grandes occasions.
Les funérailles ou le couronnement des monarques en sont les illustrations. "Le couronnement est une cérémonie religieuse, avec une liturgie anglicane. Le monarque reçoit l'onction comme dans l'Ancien régime avec le sacre des rois de France." Rémy Bethmont rappelle que la religion s'invite même au Parlement britannique. "À la chambre des communes la journée s'ouvre avec des prières lues par l'aumônier. Il rappelle aussi que 26 évêques siègent à la chambre des Lords et que l'un d'entre eux lit lui aussi une prière en début de séance."
Cette imbrication entre la monarchie parlementaire britannique et l’Église anglicane est un modèle à part. Que l'on a parfois du mal à comprendre côté français, un pays marqué par une forte sécularisation. "L'unité que l'on voit autour de la mémoire de la reine n'est pas quelque chose qui pour la majorité des britanniques se rapporte à du religieux", tient à souligner Rémy Bethmont. "En réalité, le fait que la monarchie a un lien très fort avec l'Église anglicane n'intéresse pas grand monde outre Manche. En revanche, le fait qu'il y ait une religion officielle en Angleterre va de pair avec l'égalité citoyenne de tous quelle que soit leur religion ou leur absence de religion. La monarchie reconnaît et protège cette diversité et cette liberté religieuse. C'est un autre modèle du rapport au religieux dans l'espace public."
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