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Le père abbé de Fontgombault, à l'occasion de la sortie du film Libres

Un article rédigé par Philomène Dubois - RCF, le 24 septembre 2024 - Modifié le 24 septembre 2024
Le Grand TémoinLe père abbé de Fontgombault, à l'occasion de la sortie du film Libres

S'enfermer pour devenir libre, c'est le paradoxe de la vie contemplative. Ce mardi 24 septembre à 20h, l'avant-première parisienne du film documentaire espagnol Libres aura lieu au cinéma Les 7 Parnassiens. Ce film témoigne de la vie à l'intérieur des monastères et des personnes ayant choisi de renoncer à la vie extérieure pour une quête intérieure. Don Jean Pateau, Père Abbé de l'abbaye de Fontgombault et théologien, décrypte les enseignements à tirer de ce documentaire.

Père abbé de Fontgombault ©Pierre-Hugues DuboisPère abbé de Fontgombault ©Pierre-Hugues Dubois

Il existe 2 100 monastères fermés dans le monde, et le documentaire espagnol de Santos Blanco a réussi à franchir les murs de 12 d'entre eux.

Un documentaire qui touche le cœur des hommes

Au premier abord, le Père Abbé a perçu Libres comme un simple documentaire sur la vie monastique, mais après plusieurs visionnages, il y a vu une signification plus profonde. "Je me suis dit que ce film va bien au-delà de la vie monastique. Il touche au cœur de l'humain. Les questions posées ne concernent pas seulement les moines, mais aussi tout homme : la rencontre avec Dieu, le sens de la vie, la souffrance. J'avoue qu'à présent, je considère ce documentaire comme une réponse." Selon le Père Jean Pateau, la vie monastique permet aux moines de se poser ces questions et de peaufiner leurs réponses. "Le fait d'aller voir ce film pourra éveiller et accompagner une réflexion chez le spectateur."

Est-ce que ces personnes, qui ont renoncé à certaines libertés du monde extérieur, n'ont pas découvert une liberté plus profonde ? Une liberté précisément permise par cette réflexion intérieure.

Le titre du film, Libres, peut sembler paradoxal lorsqu'il est associé à la vie monastique, souvent perçue comme une forme d'enfermement. Le Père Abbé insiste sur ce qu'est la véritable liberté : "Est-ce que ces personnes, qui ont renoncé à certaines libertés du monde extérieur, n'ont pas découvert une liberté plus profonde ? Une liberté précisément permise par cette réflexion intérieure."

Une pluralité de vocations

Les moines font vœu de stabilité, attachés à un lieu, un monastère. Le film aborde moins la vie monastique que le thème de la vocation, en mettant en lumière sa diversité. Pour le théologien, "la vocation, c'est une rencontre entre la liberté de Dieu et celle de l'homme. Dieu est libre dans ses dons, libre dans ses appels. La conversion à la vie monastique peut survenir à n'importe quel âge." Le film évoque notamment la vocation d'une mère de famille de six enfants, qui entre dans la vie religieuse. "La rencontre de ces vocations extraordinaires peut toucher le cœur. Et en même temps, on voit des vocations plus classiques, comme celles que l'on rencontre dans la vie monastique ordinaire", conclut le Père Abbé.

La vocation, c'est une rencontre entre la liberté de Dieu et celle de l'homme. Dieu est libre dans ses dons, libre dans ses appels. La conversion à la vie monastique peut survenir à n'importe quel âge.

La diversité du monde monastique est également présente dans l'histoire de l'abbaye de Fontgombault. Refondée en 1948 par des moines venus de Solesmes, dans la Sarthe, l'abbaye s'était opposée aux réformes liturgiques issues du Concile Vatican II, n'acceptant le missel de Paul VI qu'en 1974. Le Père Abbé précise : "Nous avons adopté le nouveau missel en 1974, lorsqu'il est devenu obligatoire. Puis en 1984 et en 1988, nous avons reçu des permissions pour utiliser le vetus ordo (forme traditionnelle de la liturgie catholique). Aujourd'hui, je suis totalement libre de célébrer le novus ordo, en latin, en français, et je le fais très régulièrement, plusieurs fois par mois."

Une vie monastique rassurante

Le documentaire intègre un travail visuel anglo-saxon, alternant entre des vues fermées de monastères et de grands paysages, comme la mer. "D'un côté, on a ce grand spectacle, et de l'autre, le silence. Si l'on attendait un documentaire davantage axé sur la vie monastique, il aurait sans doute fallu montrer plus de la liturgie des heures, l'importance de ce temps donné entièrement à Dieu, ainsi que la vie fraternelle, avec ses joies et ses difficultés", analyse le Père Abbé.

D'un côté, on a ce grand spectacle, et de l'autre, le silence.

Ce documentaire s'inscrit dans un contexte de regain des vocations monastiques, contrastant avec la baisse des vocations sacerdotales. Selon le théologien, la vie monastique rassure car elle est visible :
"Un monastère, ça se voit. On voit une grande église, des moines vêtus de leurs habits religieux qui viennent réciter l'office. C'est extrêmement visible. Les gens perçoivent quelque chose de la présence de Dieu."

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