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Législatives 2024 : l'appel pour un vote en conscience de Clotilde Brossollet

Un article rédigé par Clotilde Brossollet - RCF, le 1 juillet 2024 - Modifié le 4 juillet 2024
Le point de vue de 7h20Législatives 2024 : l'appel pour un vote en conscience de Clotilde Brossollet

LE POINT DE VUE DE CLOTILDE BROSSOLLET - Dimanche 30 juin et dimanche 7 juillet, suite à la dissolution soudaine de l’Assemblée nationale, comme tous les Français, nous sommes invités à nous rendre aux urnes pour élire nos députés. Faut-il faire barrage à tel ou tel parti ? En tant que chrétien, il faut surtout suivre sa conscience.

Clotilde Brossollet ©Claudia CorbiClotilde Brossollet ©Claudia Corbi

Dans le bureau de vote, nous catholiques, nous ne nous distinguons pas du reste des hommes et des femmes mais, si c’est en tant que citoyens que nous sommes appelés à voter, c’est avant tout en catholiques que nous sommes appelés nos prononcer. La profondeur des divisions qui déchirent notre pays et la situation politique de celui-ci, divisé en trois blocs aux polarisations radicales, rendent ce choix particulièrement difficile, notre appel se veut donc un appel à l’humilité et à l’unité. 

La tentation de la peur

Nous pourrions être tentés par la peur et le désespoir mais ce serait oublier que l’histoire de notre pays s’inscrit dans la grande Histoire du Salut, dont le maître d’œuvre est le Christ. C’est donc avec l’humilité des enfants de Dieu que nous aurons à glisser notre bulletin de vote dans l’urne, conscients que l’ordre temporel n’est pas l’horizon ultime vers lequel notre humanité est appelée.

L’espérance théologale nous invite à regarder l’actualité politique et l’échéance électorale sans angoisse ni frénésie : seul le Christ sauve le monde, notre responsabilité se limite à être fidèle à cela. Aucun parti, aucun candidat, aucun choix électoral ne peut avoir la prétention de résoudre tous les maux de notre société car aucun ne peut se substituer à la Providence.

L’Évangile n’est pas un mode d’emploi du bien-agir

Conscients que la vie politique n’échappe pas au péché originel, nous devons avoir l’humilité de reconnaître les limites de notre vote. Nous sommes appelés, individuellement, à voter en conscience, convaincus qu’aucun des candidats ne peut prétendre être plus « catholiquement compatible » qu’un autre. L’Évangile n’est pas un mode d’emploi du bien-agir et la Doctrine sociale de l’Église ne peut être réduite à un programme politique : il existe plusieurs manières de mettre en œuvre le bien commun et la liberté des hommes ponctue ces voies de faiblesses et d’impuretés. Notre vote ne peut qu’être imparfait et le discernement de chacun doit se faire en conscience, en excluant l’émotion pour lui préférer la raison. 

Assumer l’imperfection de notre votre ne signifie donc pas une adhésion aveugle comme il ne signifie pas plus une adhésion par défaut qui s’érigerait en contre. Nous dénonçons la tentation d’un vote qui s’effectuerait en se cachant les yeux sous prétexte que tous les autres candidats ne mériteraient pas notre suffrage. Notre vote signifie non seulement la reconnaissance assumée des manquements de notre propre choix mais aussi la part de vérité qui réside dans le choix des autres.
Aucun de nous ne détient la Vérité, fils d’un même Père, « nous sommes porteurs de vérités les uns pour les autres » (Pour une pratique chrétienne de la politique, Assemblée plénière de l’épiscopat français, 1972). Humblement, nous devons reconnaître que le vote de chacun, bien qu’imparfait, est porteur d’une part de Vérité. Nous récusons les anathèmes car, dans un pays aussi divisé que le nôtre, notre rôle de catholiques est d’être avant tout des ferments d’unité. Une unité qui passe par notre désir et notre capacité à vivre le pluralisme déjà au sein de notre propre Église.

Puisqu’aucune doctrine politique ne peut prétendre épouser totalement la traduction sociale de notre foi, nous refusons, qu’au sein du peuple de Dieu, les uns et les autres s’enferment dans leurs particularismes infranchissables. Pour vivre ce dialogue sur les enjeux politiques, nous savons que nous devons passer par une démarche de pénitence et de pardon. C’est à cette seule et unique condition, que nous pourrons alors être des ferments d’apaisement pour un débat politique serein dont notre pays a tant besoin. 

Le 7 juillet au soir, à l’heure où les résultats des élections seront annoncés, nous voulons répondre à l’appel du pape Jean-Paul II : « Si tu veux la paix, respecte la conscience de tout homme ». Quels que soient les résultats et la couleur de l’Assemblée nationale, nous serons de ceux qui respecteront la souveraineté populaire, nous interdisant tout jugement sur les votes individuels et préférant chercher à en comprendre les motivations profondes. Nous voulons être de ceux qui respecteront le système démocratique et refuseront qu’un troisième tour se joue dans la rue ou dans les médias. La situation politique difficile de notre pays est une invitation à ne pas rejeter le jeu des institutions ni à nous replier sur nous-mêmes, elle est une invitation à nous engager au service de nos frères qui vivent dans ce pays et à oser l’engagement politique. 

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