Alors que le déficit de l’Hexagone a atteint des sommets à 5,5 % en 2024. Le résultat des législatives des 30 juin et 7 juillet, fait-il peser un risque sur la dette française ?
A neuf jours du premier tour des législatives, la gauche a détaillé vendredi son programme de relance budgétaire. Les dépenses publiques supplémentaires pourraient atteindre 150 milliards fin 2027, pour des recettes équivalentes, financées par une hausse de la fiscalité. Du côté du Rassemblement National, le flou reste complet sur le financement de son programme, dont les mesures ne cessent de fluctuer.
La majorité renvoie dos à dos "les extrêmes". Bruno Le Maire, qui a à nouveau promis vendredi de réduire le déficit public du pays à 3 % du PIB en 2027, voit dans la chute des marchés financiers et la hausse du coût de la dette "les conséquences directes de programmes économiques et financiers totalement insensés et irresponsables."
Le déficit de l’Hexagone a atteint des sommets à 5,5 %. L’agence Standard and Poors avait dégradé la note de la France le mois dernier. Mercredi, la Commission européenne a rappelé à l’ordre une dizaine de pays de l’UE donc la France pour qu’ils mettent en œuvre une trajectoire crédible pour revenir aux fameux 3 % du Traité de Maastricht.
Le résultat de ces législatives, ferait-il peser un risque sur la façon dont nous pourront emprunter demain ? "Jusqu’ici, la dette française était plutôt bien notée. On bénéficiait d'un a priori favorable malgré nos résultats médiocres en termes de déficit" analyse Alain Trannoy, directeur d’études à l’Ecole des Hautes études en Sciences sociales. "Mais depuis la dissolution, cette opinion favorable s'est retournée. Du fait que ce risque politique ne semble pas facilement éliminable en France. Je pense que malheureusement, la dette de la France va maintenant être financée à des taux d'intérêt beaucoup plus élevés" estime l’économiste.
"Les marchés financiers peuvent immédiatement sanctionner une politique économique, irréaliste" rappelle Alain Trannoy évoquant le cas récent de la Grande-Bretagne. En 2022, l’éphémère Première ministre Liz Truss avait voulu des baisses d’impôts massives. Les taux de la dette s’étaient envolés et elle avait dû démissionner cinq semaines après. Pour autant une mise sous tutelle de la France comme l’a évoqué cette semaine le ministre de l'Économie Bruno Le Maire est-elle envisageable ?
À ce stade Alain Trannoy, exclu un scénario à la grecque, mais "il pourrait y avoir des avertissements de plus en plus fermes de la Banque centrale européenne de Bruxelles et l'Allemagne avec une possible reprise en main par la BCE et la Commission européenne. C'est une perspective qui ne peut plus être écartée".
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