Moins de 700.000 bébés sont nés en France, en 2023. Un chiffre qui n’avait pas été si bas depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Face à ce constat, Emmanuel Macron a formulé le vœu « d’un réarmement démographique » et annoncé plusieurs mesures. Mais seront-elles suffisantes pour renverser la courbe ? « C’est peu probable » selon le démographe Hervé Le Bras.
Lutter contre le « fléau » de l’infertilité : tel est l’objectif d’Emmanuel Macron. Suite à la publication des chiffres démontrant la chute des naissances, le président de la République a fait une série d’annonces, à commencer par la mise en place d’un « grand plan » pour lutter contre l’infertilité.
Bien qu’il y ait effectivement des progrès à faire en matière de recherche médicale dans ce domaine, cela ne suffira pas pour relancer la natalité, d’après Hervé Le Bras. « D’abord il y a un aspect biologique qui est un peu inéluctable, le risque de stérilité augmente avec l’âge », explique le démographe et historien. Mais même si beaucoup de moyens étaient mis sur la recherche, cela ne jouerait pas vraiment sur la démographie car l’infertilité n’est qu’une cause minime de la baisse de natalité.
Outre ce grand plan, un « congé de naissance » sera créé en remplacement du congé parental actuel (à ne pas confondre avec le congé de maternité et de paternité qui reste en vigueur juste après la naissance de l’enfant). Ce nouveau dispositif sera « mieux rémunéré » a assuré Emmanuel Macron, considérant que l’actuel congé parental « créé beaucoup d’angoisse parce qu’il est extrêmement peu et mal rémunéré ».
Cette question économique est essentielle, car « un enfant coûte cher », affirme Hervé Le Bras, qui pointe malgré tout une grande contradiction : « la fécondité est plus élevée chez les plus pauvres, elle baisse dans les classes moyennes et elle remonte dans les classes supérieures ». La question financière ne devrait donc pas suffire à inverser les tendances.
« Les mécanismes qui font qu’on construit une famille sont beaucoup plus profonds pour être modifiés sensiblement par des mesures natalistes », estime celui qui est aussi directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales. La Chine est pour lui « un exemple du peu d’effet des politiques familiales ». Depuis 2017, le pays a fait marche arrière sur sa politique de l’enfant unique, en supprimant ces lois pour tenter de relancer la natalité, mais « paradoxalement, depuis cette date, la fécondité n’a cessé de décliner » là-bas, illustre-t-il.
D’après le démographe, ce sont davantage les politiques répressives qui ont le plus d’impact sur la fécondité, mais seulement de manière temporaire. Comme cela a été le cas avec la politique anti-IVG lancée par Nicolae Ceaușescu en Roumanie : « effectivement, un an après l’indice de fécondité est remonté, mais dans les années suivantes, il est redescendu », démontre-t-il.
Quoiqu’il en soit, les conséquences de la baisse de natalité sont à relativiser. « Il faut distinguer le court, le moyen et le long terme », insiste Hervé Le Bras. Selon le démographe, la baisse de la natalité pourrait présenter des « effets bénéfiques » à court terme, avec moins d’élèves par classe et davantage de revenus disponibles pour les couples, qui pourraient ainsi épargner ou consommer plus aisément.
A long terme, la conséquence de cette baisse sera en revanche plus visible et préoccupante. « Dans 25 ans, si ça continue, à ce moment-là ça posera un problème pour le financement du système de retraite et de santé ». Et l’auteur de l'Atlas des inégalités de relativiser : « il faut attendre que les générations creuses arrivent à la majorité, c’est un péril assez lointain ».
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