Rennes célèbre son bienheureux Marcel Callo. Un festival lui est consacré le week-end des 26 et 27 octobre dans la capitale bretonne : "Vibrer au rythme de l’espérance." Marcel Callo, figure bretonne engagée dans l’Action catholique, est mort au camp de Mauthausen en 1945 et a été béatifié en 1987 par Jean-Paul II. Depuis, il est une référence pour les jeunes qui voient en lui un exemple d’engagement chrétien. Pour en parler, Olivier Gazeau, vicaire général, et Pierre-François Jan, vice-président de l’association Silo et coordinateur du Festival Marcel Callo.
À l’occasion des 80 ans de son arrestation, le festival Marcel Callo se veut un appel à l’action face aux défis sociaux, économiques et écologiques contemporains.
Marcel Callo, Olivier Gazeau le décrit comme un jeune de son époque. Né en 1921 à Rennes, il a grandi dans une famille de huit enfants, enraciné dans la foi, dans une vie paroissiale et dans des mouvements de jeunesse. "Il avait une vive conscience de la nécessité de pouvoir témoigner de sa foi dans toutes sortes de milieux", explique le vicaire. Ouvrier typographe, Marcel Callo a souffert des critiques qu’il entendait dans son milieu sur la foi et l'Église. Il s’est engagé dans la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne) pour nourrir sa foi et exhorter les jeunes de la section de sa paroisse, Saint-Aubin, à être des témoins joyeux et enthousiastes de la foi chrétienne, ajoute Olivier Gazeau.
Il avait une vive conscience de la nécessité de pouvoir témoigner de sa foi dans toutes sortes de milieux
L'actualité fait souvent des parallèles entre le contexte des années 30 et celui d'aujourd'hui, que ce soit en matière de radicalisation politique ou d'anticléricalisme. Pour le père Olivier Gazeau, "il y a des enjeux qu’on retrouve dans le fait de pouvoir annoncer un avenir possible dans un monde fracturé." Avec la montée du nazisme, durant l'entre deux guerres, il y avait beaucoup d'inquiétude au sein de la population et parmi les jeunes, explique le vicaire. Olivier Gazeau ajoute que Marcel Callo s’était saisi des sujets d’inquiétude, notamment ceux liés à la justice sociale et à la fraternité, en en faisant son cheval de bataille. "Nous avons des discours qu’il prononçait devant la section de la JOC où il encourageait ses camarades à tenir bon, à construire une fraternité autour d’eux en s’appuyant sur leur foi en Jésus-Christ."
Marcel Callo est reconnu pour son engagement, témoigne Olivier Gazeau. "Il avait une forme de leadership naturelle qui lui permettait de rassembler d’autres jeunes autour de lui." Selon le vicaire, Marcel Callo était apprécié par les jeunes de son époque pour sa charité et son souci des plus fragiles, des plus pauvres.
Son souci était de faire vivre cette fraternité auprès de tous ceux qui étaient partis au STO. C’était une forme de résistance spirituelle.
Il était animé par l’espérance dans une période extrêmement difficile, poursuit le vicaire. Marcel Callo est parti au STO le 19 mars 1943 comme missionnaire. "Son souci était de faire vivre cette fraternité auprès de tous ceux qui étaient partis au STO. C’était une forme de résistance spirituelle." Olivier Gazeau explique qu’un réseau, notamment au sein de la Jeunesse ouvrière chrétienne, s’est constitué pour résister spirituellement et ne pas se laisser broyer par le système nazi. Marcel Callo est arrêté par la Gestapo car il est considéré comme "trop catholique." Selon Olivier Gazeau, les nazis se sont rendu compte que le réseau chrétien menait un travail de sape qui remettait en question leur ordre et leur idéologie. "Ils ont été arrêtés et emprisonnés à Gotha. Ils ont tenu ensemble dans la foi, dans l'espérance, malgré la persécution et les conditions."
Marcel Callo est un modèle pour les jeunes d’aujourd’hui, témoigne Olivier Gazeau, car il leur ressemble. Le vicaire explique que Camille Millet, l’un des camarades de Marcel Callo, avait composé une croix d’immortelles autour de laquelle ils ont prié durant deux mois. "Nous avons apporté cette croix aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), et c’était extrêmement émouvant de voir des centaines, des milliers de jeunes, venir prier les uns après les autres devant cette croix." La croix est exposée lors du festival Marcel Callo ce week-end, à la basilique de Saint-Aubin. Pierre-François Jan ajoute que la particularité de Marcel Callo réside dans sa capacité à parler aux jeunes sur un plan spirituel, tout en ayant une résonance politique, citoyenne et républicaine. "C'était à la fois un chrétien engagé qui parlait de sa foi et un militant auprès du milieu ouvrier. Il était donc toujours ancré dans la cité et pouvait témoigner de sa foi tout en étant profondément enraciné dans le réel."
Dans le contexte dans lequel il a évolué, l'engagement seul ne suffisait plus. Il avait cette espérance que l’amour triompherait, qu’il y a une vie après la mort.
Lorsque l’on se penche sur la vie de Marcel Callo à son époque, on réalise que c’était un jeune semblable à ceux d’aujourd’hui, ancré dans le réel et préoccupé par les questions de son époque et son avenir, explique Pierre-François Jan. Marcel Callo répondait à ces préoccupations à deux niveaux. Le premier, c’était l’engagement : "Face à tout cela, je dois continué de me battre et d'essayer d'améliorer le monde à mon échelle, en m'engageant dans mon travail, dans une association, en politique." Et le second niveau, celui de l'espérance : "Dans le contexte dans lequel il a évolué, l'engagement seul ne suffisait plus. Il avait cette espérance que l’amour triompherait, qu’il y a une vie après la mort." Ce n’était pas un héros, mais un jeune normal, qui vivait pleinement son engagement chrétien. "C’est ce qui fait que aujourd'hui, c'est une figure qui résonne fortement."
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