Devant l’Assemblée nationale française, ce vendredi 7 juin, Volodymyr Zelensky exhorte ses alliés à “faire plus” pour sauver l’Ukraine. La veille, Emmanuel Macron a promis l’envoi d’avions Mirage 2000-5 ainsi que la formation d’une brigade de soldats ukrainiens sur le sol français. À quoi vont servir ces nouvelles aides ? Décryptage.
"Nous vivons à une époque où l'Europe n'est plus un continent de paix" a déclaré Volodymyr Zelensky devant les députés français. Pour la première fois, le président ukrainien s’exprimait physiquement devant l’Assemblée nationale au lendemain des cérémonies des 80 ans du D-Day en Normandie où il était convié.
Les bancs de l’Assemblée nationale étaient loin d’être remplis alors que Volodymyr Zelensky évoquait une “bataille à la croisée des chemins". "Pour la paix juste, il faut plus", a-t-il ajouté. “Ce n’est pas un reproche” a précisé le président ukrainien qui a d’ailleurs remercié à plusieurs reprises la France pour son soutien militaire et diplomatique.
Il faut dire que la veille, jeudi 6 juin, Emmanuel Macron a promis la cession d'avions de chasse Mirage 2000-5 à Kiev. Le président n’a pas précisé le nombre, car la France est "en train de bâtir une coalition avec d'autres partenaires". Paris aimerait convaincre d’autres pays qui utilisent ces avions sortis de chez Dassault, d’en fournir à Kiev. Dans tous les cas, cet arrivage de Mirage 2000-5 viendra s’ajouter aux avions F-16 déjà promis par les alliés à l’Ukraine.
🔴 Discours de Volodymyr Zelensky (@ZelenskyyUa) devant l'Assemblée nationale
— Assemblée nationale (@AssembleeNat) June 7, 2024
🇫🇷🇺🇦 Le président de l'Ukraine s'adresse aux députés réunis dans l'Hémicycle du Palais-Bourbon.
🎙️ Son discours est précédé d'une allocution de @YaelBRAUNPIVET.#DirectANhttps://t.co/VcPLhoifbv
L'Ukraine avait annoncé en juillet 2023 la création d'une "coalition" de 11 pays pour la formation de ses pilotes au F-16, avec le Royaume-Uni, le Canada et des pays européens, dont la France. Après un feu vert de Washington, les Pays-Bas et le Danemark se sont engagés en août à livrer 61 appareils. La Norvège a suivi, puis la Belgique, dernier pays en date à promettre 30 avions de combat, le premier cette année et la suite d'ici 2028.
Le problème pour l’Ukraine est maintenant de parvenir à gérer une flotte très hétéroclite. Kiev doit jongler. "Les ingénieurs militaires ukrainiens ont été agiles dans cette adaptation" juge Ivan Klyszcz, du Centre international pour la défense et la sécurité en Estonie. Il va d’abord falloir former des pilotes ukrainiens aux Mirage 2000-5. Le chef de l'Etat a évoqué entre cinq et six mois pour former les pilotes, mais plusieurs experts mettent en doute ce délai. En effet, la formation sur les F-16 est estimée à dix mois environ.
Les avions F-16 sont des avions peuvent mener des attaques au sol tandis que les Mirage 2000-5 sont des avions de défense aérienne
En revanche, une flotte aérienne diversifiée peut avoir un intérêt stratégique. “Ces avions vont se compléter” assure le Général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense nationale. “Les avions F-16 sont des avions qui peuvent notamment mener des attaques au sol et donc particulièrement utiles pour défendre la ligne de front qui est à l'Est. Les Mirage 2000-5 sont des avions de défense aérienne, donc leur mission sera de protéger l'espace aérien contre d'éventuelles attaques faites par des avions russes ou par des missiles envoyés par la Russie.”
Il y a quasiment tous les jours des bombardements sur l’Ukraine. Les civils comme les infrastructures telles que des centrales électriques sont visées. “Les Mirage 2000 pourront servir à protéger ce type d'infrastructures et empêcher les Russes de faire davantage de victimes parmi la population civile” juge Jérôme Pellistrandi.
L’autre volet des annonces d’Emmanuel Macron concerne la formation de soldats ukrainiens. “Notre souhait, c’est aussi de former une brigade” a déclaré le président français. “Nous proposons de former 4 500 soldats ukrainiens, de les équiper et de les entraîner” a-t-il ajouté. “C'est une tâche extrêmement importante et extrêmement nécessaire parce qu'aujourd'hui, l'Ukraine a besoin de ces brigades pour renforcer sa défense sur le front terrestre” estime le Général Pellistrandi. L’enjeu pour l’Ukraine est en effet de pouvoir renouveler ses troupes sur un front énorme qui s’est encore élargi ces derniers mois avec les bombardements russes dans la région de Kharkiv.
“La proposition de la France va permettre à l'Ukraine de disposer de soldats entraînés et d'une capacité à manœuvrer qu'ils n'ont pas encore” selon le Général. Emmanuel Macron aimerait aller plus loin. Le président français a évoqué le possible envoi d'instructeurs européens sur le sol ukrainien, à la demande de Kiev, sans toutefois apporter de réponse ferme. "Nous sommes en train de travailler avec l'ensemble de nos partenaires et nous déciderons en coalition", a-t-il assuré. Berlin a déjà publiquement exclu cette possibilité.
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