Moselle
À la veille du premier tour des élections législatives cruciale pour l'avenir politique de notre pays, nous avons ce matin eu la volonté de donner une illustration concrète et de donner à entendre pour donner à comprendre ce qu'il se passe près de chez vous. Pour cela, nous avons installé notre studio à Nancy, avec le directeur de RCF Lorraine Nancy Nicolas Dufour. Comment trouver de la fraternité ? Nous en parlions avec Bertrand Masson, adjoint PS à la mairie de Nancy, la ville la plus peuplée de Meurthe-et-Moselle, et Valentin Dethou, plus jeune maire du département, élu sur une liste divers droite en 2020 à Champigneulles, ville de 6500 habitants, où le RN a comptabilisé 37 % des suffrages aux dernières européennes.
On dit souvent que les élus locaux sont "à portée de baffe," mais dans le climat politique actuel, que peuvent nous apprendre les maires et les adjoints sur ce que pensent vraiment les citoyens et sur la façon de faire de la politique sur le terrain ?
À l'occasion d'une matinale spéciale à Nancy, à deux jours du premier tour d'élections législatives inattendues, Pierre-Hugues Dubois et Nicolas Dufour, directeur de RCF Lorraine Nancy ont interrogé des élus meurthe-et-mosellans : Bertrand Masson, adjoint PS à la mairie de Nancy, la ville la plus peuplée de Meurthe-et-Moselle, et Valentin Dethou, plus jeune maire du département, élu sur une liste divers droite en 2020 à Champigneulles, ville de 6500 habitants, où le RN a comptabilisé 37 % des suffrages aux dernières européennes.
Après la dissolution surprise d'Emmanuel Macron, le pays est à fleur de peau. Désormais il y a trois blocs : le Rassemblement National et ses alliés, la majorité présidentielle, et le Nouveau Front Populaire. Peu de place à la nuance, ni au débat apaisé. Dès lors, que disent les administrés lorrains à Bertrand Masson et Valentin Dethou ?
"Je pense qu'il y a beaucoup de fatigue" observe le maire de Champigneulles. "On a des concitoyens qui, dans le rythme et le tourbillon politique maintenant depuis plusieurs années, arrivent sur des sentiments mêlés, de la colère, de l'exaspération et de la résignation pour beaucoup d'entre eux." À Nancy, Bertrand Masson voit le même constat : "J'ajouterai peut-être aussi beaucoup d'inquiétude ou d'incompréhension à la situation dans laquelle nous sommes. La dissolution, était-ce vraiment nécessaire ? Quel est l'objectif de cette décision politique ? Et puis aujourd'hui, c'est l'inquiétude parce qu'on sent un pays un peu fracturé quand même."
Cette fatigue politique accentue la radicalisation des opinions, les élus le remarquent sur le terrain, au quotidien des habitants vont spontanément leur parler, parfois avec violence, parfois avec désarroi comme le raconte l'adjoint au maire de Nancy :
J'ai été très frappé, y compris dès le 9 juin, avant même la dissolution, que dans les bureaux de vote, il y avait une forme de revendication de son propre vote. Ça, c'est nouveau. C'est la première fois que je ressentais cette revendication, ce vote assumé, notamment pour l'extrême droite, qui a longtemps été presque un vote caché ou un vote honteux.
Dans une France où les différentes sphères de la société se polarisent, en témoignent les différences de votes entre les campagnes et les villes, comment trouver du consensus ? Comment retrouver de l'unité ?
"On va devoir s'y atteler encore davantage" répond Valentin Dethou. "Chaque citoyen doit aussi avoir ce travail d'introspection aujourd'hui. Vous savez, on est face à un choix vraiment de conscience politique, quelle destinée on souhaite pour notre pays demain et quel rapport on souhaite aussi entretenir entre nous-mêmes et notre État." Fataliste, le maire de Champigneulles concède qu'il n'y a pas non plus de solution toute faite. "Si on avait une réponse unique et magique, ça fait bien des années qu'on aurait réussi et les extrêmes ne seraient pas aussi hauts. Je pense aussi qu'il faut beaucoup d'humilité face à cette question."
Bertrand Masson, adjoint à la culture auprès du maire PS de Nancy explique à son échelle, sa solution :"Ma conviction, c'est que la culture, justement, elle peut réparer, elle peut apporter une réponse, elle crée du lien, elle crée du vivre ensemble, comme on aime à le dire."
Les deux élus scruteront scrupuleusement les résultats des élections législatives. Les députés sont eux aussi des élus locaux. Ils sont cependant d'accord sur un constat :
Vous savez, à l'échelle locale, on peut résoudre une partie des problèmes, pas la totalité.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !