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Pâques : pourquoi vos chocolats vont vous coûter plus cher cette année ?

Un article rédigé par Lucie Rispal et Baptiste Madinier - RCF, le 26 mars 2024 - Modifié le 27 mars 2024
Pour bien comprendrePour bien comprendre... La hausse du prix du cacao

Attention dangers sur les œufs de Pâques. Les prix des poules en chocolat vont atteindre des records cette année à cause de l’explosion des cours du cacao. Une hausse historique qui va se ressentir chez les consommateurs. Cette envolée du cacao s’explique par une hausse de la consommation couplée à trois mauvaises campagnes saisonnières dues aux aléas climatiques et à une mauvaise gestion. Décryptage. 

Le prix des oeufs de Pâques devraient grimper à cause de la hausse des cours du cacao / Photo d’illustration :  Mary-Lou Mauricio by HansLucasLe prix des oeufs de Pâques devraient grimper à cause de la hausse des cours du cacao / Photo d’illustration : Mary-Lou Mauricio by HansLucas

Le chocolatier Lindt, qui a déjà augmenté ses prix de 10 % en 2023, va à nouveau élever le coût de ses produits de 5 % en 2024. Si les prix du cacao restent à ce niveau, le groupe n'exclut pas une nouvelle hausse en 2025. Les cours ont en effet explosé. Chiffré à 6 500 dollars la tonne fin février, déjà un record, ils ont été flashés à 8 500 dollars la tonne la semaine dernière selon la BBC. 

Augmentation de la demande

“Par sa violence, cette augmentation est totalement inédite” témoigne l'économiste Philippe Chalmin, fondateur du Cercle cyclope. Ce dernier publie chaque année un rapport sur les marchés des matières premières. La hausse se chiffre en effet à +150 %. “Nous avons connu des périodes assez longues durant lesquelles le prix du cacao se situait entre 2000 et 2500 dollars la tonne et il y a encore deux ans, on trouvait que 4 000 dollars la tonne était un prix élevé” analyse le chercheur. 

Des ouvriers agricoles ivoiriens fendent des cabosses de cacao pour en extraire les fèves dans une plantation de cacaoyers de la coopérative de N'Doucy près du village de Sokorogbo en Côte d'Ivoire / Sébastien Rieussec by Hans Lucas

La flambée des prix s’est dessinée à partir de l’automne dernier au début de la saison cacaoyère, qui démarre en octobre. “Nous sommes dans la troisième campagne successive durant laquelle l'offre au niveau mondial est inférieure à la demande” explique Philippe Chalmin. 

Agir avec le CCFD-Terre solidaireCôte d’Ivoire : le cacao de la discorde

La demande de cacao a en effet augmenté ces dernières années. “Non seulement, dans les pays traditionnels comme les nôtres, mais aussi dans des pays nouveaux, consommateurs, notamment en Asie, avec une augmentation de la demande pour le chocolat ou au moins pour le goût chocolaté” ajoute-t-il. 

Le cacaoyer est un arbre extrêmement sensible aux maladies, à l'excédent d'eau et à la sécheresse

L’économie du cacao repose sur une offre extrêmement concentrée. Entre 60 % et 70 % de la production mondiale vient de la Côte d'Ivoire et du Ghana. Problème : les deux pays d’Afrique de l’Ouest ont connu des récoltes moyennes. “C'est directement lié aux aléas climatiques” assure Philippe Chalmin. “Le cacaoyer est un arbre extrêmement sensible aux maladies, à l'excédent d'eau et à la sécheresse” détaille-t-il. 

Impact du changement climatique

Or, le changement climatique a durement frappé la région. Depuis février 2023, l’Afrique de l’Ouest a connu une forte sécheresse accentuée par le phénomène El Niño. À cela s’ajoute d’énormes précipitations en décembre dernier qui ont provoqué des infections faisant pourrir les fèves de cacao. Des événements extrêmes, symboles du changement climatique. 

On risque d'avoir un retournement du marché qui pourrait être d'ailleurs assez violent

“On paye également de longues années durant lesquelles les prix étaient insuffisants, ce qui a conduit au non-renouvellement des arbres” complète le fondateur du Cercle cyclope. “C'est un arbre qui commence à produire trois, quatre années après sa plantation et qui atteint son plus haut niveau de rendement entre dix et quinze ans avant de décliner” expose-t-il. La bonne santé de l’économie cacaoyère demande donc un certain degré d’anticipation et de gestion à long terme. Or, “lorsque les prix étaient extrêmement bas, il n'y a pas eu suffisamment d'entretiens, ni de nouvelles plantations et la situation s'est lentement délitée” selon Philippe Chalmin. 

“Ça ne durera pas” assure pourtant l’économiste. “On risque d'avoir un retournement du marché qui pourrait être d'ailleurs assez violent à cause d’une réaction assez négative du consommateur” conclut-il. 

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