Au palais de justice de Paris, s'est ouverte ce lundi 28 février, la troisième semaine du procès de l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray. Après l'examen des faits, place aux interrogatoires des trois accusés. Avant d'enchaîner sur les plaidoiries, les réquisitoires et enfin le verdict.
Cet attentat aurait pu être évité. Il aurait d’abord fallu pour cela que les accusés donnent l’alerte. Ils étaient plus ou moins au courant des projets criminels des deux assaillants et ils n’ont pas pris contact avec la police. En fait, l’un d’entre eux l’a fait mais juste après l’attentat. Ce qui laisse penser qu’il a surtout cherché à se couvrir.
L’attentat aurait pu être évité si la police et la justice avaient pris suffisamment au sérieux les alertes lancées par des proches des assassins et des accusés. La mère d’un des accusés, dès janvier 2015, 18 mois avant l’attentat, était venue dire au commissariat que son fils voulait partir en Syrie. Le beau-frère d’un autre accusé avait lui aussi contacté la police.
Mais c’est surtout la famille d’un des deux assaillants, Adel Kermiche, qui s’est démenée pour affronter la radicalisation de ce jeune homme. Deux fois, la mère est allée au commissariat pour prévenir des risques que présentait son fils. Quand celui-ci a été placé en liberté provisoire avec bracelet électronique, Mme Kermiche a demandé de l’aide de la mairie pour que leur fils bénéficie d’une formation ou d’un chantier d’insertion afin qu’il ne reste pas toute la journée cloîtré au domicile familial, branché sur des réseaux Internet djihadistes. Hélas, aucune aide n’est venue.
On peut avoir de sérieux doutes. Du côté de la justice, il est surprenant qu’Adel Kermiche ait pu être placé en liberté provisoire sans un suivi étroit de sa situation. Or le service en charge de ce suivi envisageait dix jours avant l’attentat d’espacer davantage les contacts.
Du côté de la police, la question est de savoir si Kermiche était sur écoute et, si oui, ce qui a été fait de ces écoutes. Des informations de Mediapart ont affirmé que des agents de la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris, la DRPP, avaient rédigé une note d’alerte quelques jours avant l’assaut. Mais cette note serait restée sans suite, peut-être à cause de la période de congés d’été dans laquelle on se trouvait.
Les avocats des parties civiles mais aussi de la défense voudraient que les agents de la DRPP soient entendus par la cour. Mais, au début du procès, les intéressés ont présenté des certificats médicaux pour ne pas venir à la barre. Les avocats ont alors vivement protesté et exigé la comparution des quatre agents. On saura ce matin même s’ils viennent ou non. S’ils ne viennent pas, on peut s’attendre à un gros incident d’audience.
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