La vingt-neuvième conférence climatique de l'ONU, la COP 29, s'est ouverte lundi dernier en Azerbaïdjan. Le sommet annuel s'y tient jusqu'au 22 novembre. Plusieurs dirigeants ne participent pas aux négociations et des organismes d'alerte boycottent. Décryptage des enjeux de cette conférence internationale avec Marie Coquer, analyste des systèmes alimentaires et de la crise climatique.
Ce mardi 12 novembre, les chefs d'État vont se mettre autour de la table et discuter de l'enjeu principal de la COP 29 : la négociation d'un nouvel objectif de financement climatique des pays du Nord vers les pays du Sud.
Les pays du Nord ont une dette climatique vis-à-vis des pays du Sud, puisqu'ils sont plus responsables des émissions de gaz à effet de serre d'un point de vue historique selon Marie Coquer. Pour elle "La plupart des pays riches, les plus émetteurs, refusent de mettre les moyens sur la table et de payer leurs dettes climatiques."
La plupart des pays riches, les plus émetteurs, refusent de mettre les moyens sur la table et de payer leurs dettes climatiques.
Ce refus des pays riches ralentit la lutte contre le réchauffement climatique. Selon la spécialiste, ces pays refusent également les discussions : "Il sont assez peu ouverts à la négociation, en particulier pour une finance climat de qualité." Pour éviter d'augmenter la dette dans de nombreux pays, cette "finance climat" se manifeste par des dons et non des prêts.
La société civile doit jouer un rôle à travers les ONG tel qu'Action Climat selon Marie Coquer. "C'est pour ça qu'on est là, et c'est extrêmement important qu'on mette la pression sur les pays du Nord en particulier" témoigne la spécialiste. Elle évoque aussi les fonds multilatéraux prévus pour lutter contre les effets du changement climatique. "Il faut, dit-elle, des mécanismes qui permettent aux communautés les plus vulnérables d'accéder à ces financements de manière assez directe.
Mais il faut des mécanismes qui permettent aux communautés les plus vulnérables d'accéder à ces financements de manière assez directe.
Marie Coquer relève le fait que ces fonds monétaires sont touchés par les pays eux-mêmes et non par les communautés directement impactées par la crise et qui en auraient le plus besoin : "aujourd'hui, il y a plusieurs fonds multilatéraux qui existent. Mais ce sont les pays qui vont y accéder et non pas directement les communautés les plus impactées par la crise climatique."
Pour Marie Coquer, l'impact humain sur la crise climatique est "extrêmement fort." "On va mettre en avant le fait que cette crise climatique n'est pas seulement des inondations, des événements climatiques extrêmes. Mais il y a des impacts humains extrêmement forts." Marie Coquer interroge la légitimité du pays d'accueil de la Cop 29, c'est-à-dire l'Azerbaïdjan. " De nouveau, la conférence est à nouveau organisée dans un pays pétrolier. La société civile, a une responsabilité, pas seulement d'organisation logistique de la COP, mais aussi de portage politique des questions. La sortie des énergies fossiles reste une question centrale."
La société civile, a une responsabilité, pas seulement d'organisation logistique de la COP, mais aussi de portage politique des questions. La sortie des énergies fossiles reste une question centrale.
Pour Marie Coquer, les intérêts dans le secteur privé sont aussi un problème. "On doit aussi parler des problèmes de conflits d'intérêts et de la présence du secteur privé dans les COP. Donc ce n'est pas seulement le pays hôte, mais c'est aussi l'influence de nombreux acteurs qui ont des intérêts pour la promotion des énergies fossiles, qui sont présents dans les COP, qui posent problème. "
L'analyste des systèmes alimentaires et de la crise climatique explique que : "les crédits carbone, donc l'échange de ces crédits, reposent souvent sur des principes de compensation carbone. Donc ça veut dire qu'on ne va pas réduire les émissions de gaz à effet de serre à la source, mais on va se permettre de financer des absorptions de carbone pour compenser les émissions." Ce principe de compensation carbone n'encourage pas une action climatique forte.
Et on a de plus des problèmes vis-à-vis de cette absorption du carbone, notamment via le secteur des terres, puisqu'on sait que ce sont des absorptions qui ne sont pas permanentes. Donc on peut comptabiliser tout cela, mais ce sera potentiellement du carbone rejeté dans l'atmosphère.
"On a de plus des problèmes vis-à-vis de cette absorption du carbone, notamment via le secteur des terres, puisqu'on sait que ce sont des absorptions qui ne sont pas permanentes. Donc on peut comptabiliser tout cela, mais ce sera potentiellement du carbone rejeté dans l'atmosphère" soutient Marie Coquer qui émet l'hypothèse d'un incendie. Elle explique que "si une forêt brûle, si des terres agricoles ou des terres, tout simplement, sont dégradées à cause de la désertification, le carbone ne sera plus dans les sols." Pour Marie Coquer, les crédits carbone ne sont pas une bonne solution.
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