Plusieurs rassemblements ont eu lieu ce week-end en France devant certains évêchés pour interpeller les évêques sur les abus sexuels au sein de l’Église et la gestion de certains cas. Une mobilisation en écho à l’affaire Santier et pour demander des actes et une Église plus sûre. Alix Huon, membre du collectif "Agir pour notre Église", à l'initiative de cette mobilisation, était l'invitée de la Matinale RCF.
"Le silence n'était plus possible." Ce week-end, dans plusieurs villes de France, de nombreux fidèles se sont rassemblés pour interpeller les évêques quant à la gestion des cas d'abus sexuels au sein de l'Église, en réponse à l'affaire Michel Santier. Cet ancien évêque a été sanctionné par Rome pour des faits de voyeurisme dans les années 1990. "On voit que ce sujet dépasse les clivages politiques et progressistes ou traditionnels de l’Église", commente Alix Huon, satisfaite des messages de soutien reçus dans le week-end.
"Chaque affaire d’abus dans l’Église est une affaire de trop", insiste celle qui est membre du collectif "Agir pour notre Église", né au lendemain de la publication du rapport Sauvé. Le collectif demande aujourd'hui aux évêques "d'entendre cette colère et ce désespoir" et d'agir. "Il y a des réformes importantes qui doivent être menées. On a envie de leur dire qu’on compte sur eux. L'Église reste notre mère, une mère qui ne tient pas très bien la route en ce moment mais on y tient."
C'est pour cela aussi que le collectif a lancé le hashtag "Sortons les poubelles", en référence au tweet de Mgr Michel Aupetit, archevêque émérite de Paris qui accusait ces fidèles de vouloir "fouiller les poubelles" de l'Église. "C’est encore quelque chose qu’on nous dit : 'Vous faites du mal à l’Église'. Ce qui fait du mal à l’Église, ce sont les abuseurs", rétorque Alix Huon.
Ce silence et cette volonté de ne pas faire de vague, ce n'est pas nouveau. "Cela fait des siècles qu’on est dans cette logique de ne pas parler, c’est pour ça qu’il faudrait envisager un vrai virage à 180 degrés. Il y a la volonté de ne pas faire de bruit, de croire son confrère évêque. Il faut se rendre compte qu’on a fait beaucoup de progrès dans la société sur ces questions et donc les évêques doivent s’en emparer", insiste Alix Huon.
Selon elle, il faut avant tout communiquer sur les faits et les sanctions. Mais aussi repenser la gouvernance, associer davantage les laïcs, ce que préconise d'ailleurs le rapport Sauvé. Réfléchir aussi sur la justice canonique et la communication auprès des victimes. Autant d'enjeux sur lesquels le collectif "Agir pour notre Église" sera attentif alors que les évêques se réunissent à Lourdes du 3 au 8 novembre prochains.
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