Chaque vendredi, le PressClub revient sur les sujets qui ont fait l’actualité dans la semaine. Une heure d’échanges avec des journalistes, invités pour décrypter l’actualité. Ce vendredi 28 octobre 2022, c’est Stéphane Vernay, directeur délégué de Ouest-France à Paris et son confrère Éric de Legge, rédacteur en chef du site Aleteia, qui étaient à l’antenne.
L’affaire Santier scandalise depuis quelques semaines l’Église catholique. Elle met en lumière les dysfonctionnements de l’institution, et questionne le rôle des évêques. Ces révélations provoquent la colère de nombreux laïcs, choqués par le silence de certains évêques "qui savaient mais qui n’ont rien dit". Des collectifs de fidèles comme Agir pour notre Église œuvrent pour plus de transparence et de vérité. "Scandalisés par l’écart constaté entre les bonnes intentions et la réalité", les fidèles se réuniront ce week-end dans une série de rassemblements. À quelques jours de l’assemblée plénière des évêques, l'idée est de faire "cesser cette culture du silence".
Éric de Legge opine : "Comment ne pas être troublé et en colère face à ce silence des évêques ?" C’est de nouveau l’image d’une Église opaque et silencieuse qui est véhiculée. L'omerta continue, la désillusion est grande. Stéphane Vernay, lui, nuance : "L’Église est un paquebot monstrueux, et comme tous les gros engins il y a une inertie très forte." Une inertie qui a pour conséquence de prendre du temps. Persuadé que l’on va découvrir de nombreux autres scandales, le journaliste doute des bonnes intentions réelles de cette "vénérable institution, trop lourde à manœuvrer".
Ce récent scandale interroge aussi le droit canonique. Aussi est-ce peut-être à l’échelle universelle que l’Église doit être réformée. Éric de Legge note que le sujet est en cours de traitement au Vatican. Cette législation "jette un grand trouble, la confiance est en jeu, l’incompréhension s’installe". Ce problème de fond court sur des décennies, "ces choses-là doivent conduire l'Église à se restructurer". Éric de Legge estime que "l'on ne peut pas demander à une même personne d’incarner toute une chaine", faisant référence à la charge des évêques dans ce genre de procès.
Mais qu'en est-il des fidèles ? Dans une Église où ils peinent de plus en plus à se reconnaître, ils doivent avoir un "rôle d’aiguillon", estime Stéphane Vernay. Les évêques doivent à tout prix apporter une réponse concrète, et éviter de se tourner constamment vers Rome : "C'est une perte de temps", fustige le journaliste. La libération de la parole opère peu à peu et empêche les clercs de "tout balayer d’un revers de manche". Avec le temps, les choses ne peuvent qu'évoluer.
En tous cas, les intervenants sont d'accord sur une chose : les évêques doivent cesser de multiplier les casquettes et doivent instaurer un discours de vérité. Si la perte de confiance en l'Église peut s'associer à une perte de foi en Dieu, Éric de Legge invite à "ne pas confondre foi et attachement à l’Église, ce sont des sujets différents". Les fidèles ont sans nul doute besoin d'être rassurés, et c'est ce que devrait faire la CEF, à partir du jeudi 3 novembre à Lourdes pour l'assemblée plénière des évêques.
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