Il n'a pas attendu les obsèques de Benoît XVI pour annoncer la publication de ses mémoires. Mgr Georg Gänswein publie ce jeudi en Italie le récit de ses 26 années passées aux côtés de Joseph Ratzinger. Un ouvrage dans lequel il exprime parfois son amertume et ses regrets. Il semble aussi vouloir régler des comptes. Et revient notamment sur une décision du pape François prise à son encontre.
Ce lundi 9 janvier, quatre jours après les funérailles de Benoît XVI, le pape François a rencontré en privé le secrétaire personnel de celui-ci, Mgr Georg Gänswein. On ne sait pas encore quelle tâche assumera à l’avenir l'ancien plus proche collaborateur du pape Benoît XVI. Une chose est sûre, les contours de son futur poste, au Vatican ou ailleurs dans le monde, donneront des indices sur l’état de sa relation avec le pape François. Mgr Georg Gänswein publie ses mémoires, ce jeudi en Italie. À 66 ans, l'archevêque allemand semble vouloir régler des comptes, notamment avec le pape en exercice.
De nationalité allemande, Georg Gänswein a bien connu Joseph Ratzinger, qu’il a rejoint en 1996 à la Congrégation pour la doctrine de la foi. De 2005, année de l’élection de Benoît XVI, jusqu’à la mort de ce dernier, le 31 décembre 2022, il est resté le secrétaire personnel de celui-ci. En décembre 2012, il a été nommé archevêque et préfet de la maison pontificale.
Préfet de la maison pontificale, c’est "une sorte de majordome en chef, de maître de maison", explique Jean-Marie Guénois, rédacteur en chef au Figaro en charge des questions religieuses. C’est aussi "un poste en vue puisque quand des chefs d’États sont reçus c’est lui qui les accueille à la sortie de leur voiture, un poste jalousé, évidemment parce qu’il est proche du pape". C'est de ce poste que le pape François a voulu l'écarter en 2020.
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Ses mémoires, Mgr Georg Gänswein n’a pas attendu les obsèques de Benoît XVI pour en annoncer la publication. "Rien d’autre que la vérité - Ma vie aux côtés de Benoît XVI" est publié ce jeudi en Italie. Au fil de ses 336 pages, Mgr Gänswein raconte les années passées dans l’ombre du pape défunt : la collaboration entre le théologien Joseph Ratzinger et le pape Jean-Paul II, l’élection de Benoît XVI, son pontificat, sa renonciation… Georg Gänswein donne aussi sa version des dossiers sensibles. Il revient sur l’affaire Vatileaks - c’est lui qui aurait permis, en 2012, de confondre Paolo Gabriele. Le majordome du souverain pontife avait subtilisé des documents confidentiels placés sur le bureau du pape.
Avec une pointe d’amertume, l’ancien secrétaire particulier de Benoît XVI évoque sa mise à l’écart par le pape François de sa responsabilité de préfet de la Maison pontificale. "L’origine de cette décision du pape François aurait été la publication d’un livre du cardinal Sarah sur la question du célibat sacerdotal en janvier 2020", rappelle Jean-Marie Guénois, qui a pu lire les mémoires de Georg Gänswein. "Il semble, à lire le livre" qu’il a "très mal pris la décision du pape François".
Mgr Gänswein exprime aussi son amertume, voire sa rancœur, quand il évoque le motu proprio du pape François, Traditionis Custodes qui restreint la célébration de la messe dans le rite tridentin. Selon Mgr Gänswein, Benoît XVI l'a pris pour une forme de trahison. "Georg Gänswein prête au pape émérite beaucoup de scepticisme, observe Jean-Marie Guénois, l’incompréhension en tout cas du pape Benoît XVI sur le fait que son successeur ait en quelque sorte brisé cette réforme." Benoît XVI avait, en 2007, fait un pas vers les traditionalistes en publiant le motu proprio Summorum Pontificum. Des mesures prises pour libéraliser la messe tridentine.
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Au fil des pages, Mgr Georg Ganswein raconte 26 ans passés aux côtés de Benoît XVI. Comment interpréter ces propos ? Se fait-il le porte-parole de son maître ? "C’est un livre à caution, dans le sens où effectivement il est écrit par quelqu‘un qui est en plein dans l’affaire, avance Jean-Marie Guénois. C’est un acteur qui témoigne de ce qu’il a vécu, avec ce qu’il est, c’est-à-dire à la fois une admiration bien justifiée pour celui qu’il a servi, ce grand pape Benoît XVI. Et puis, parfois, effectivement des amertumes et des regrets d’un serviteur qui considère qu’on ne lui n’a pas suffisamment fait confiance ou qu’on le juge à tort aujourd’hui."
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