Dans quelle mesure peut-on faire confiance à un magnétiseur ? Comment choisir son ostéopathe ? Si les médecines complémentaires et alternatives (MCA) sont de plus en plus répandues et appréciées, il n'existe pas en France de classification. Il y a de quoi se sentir un peu perdu. Quelques conseils pour y voir plus clair.
Ostéopathie, méditation, hypnose, réflexologie, naturopathie, aromathérapie, sophrologie, thermalisme… Les médecines complémentaires et alternatives (MCA) sont de plus en plus répandues et appréciées. Certaines ancestrales, comme le magnétisme, reviennent en force. Mais comment y voir clair et ne pas tomber sur des charlatans ? Bien-être, soin ou guérison : en quoi peuvent-elles nous aider ?
Que l'on parle de médecines douces, de médecines parallèles, complémentaires ou alternatives, ou encore de pratiques de soins non conventionnelles, cela désigne en réalité un véritable "fourre-tout", selon Véronique Suissa, docteur en psychologie, directrice générale de L’Agence des médecines complémentaires adaptées (A-MCA).
Il n’existe pas en France de classification. Si bien que cela concerne tout autant des thérapies validées par la Haute autorité de santé (HAS), comme la diététique ou la kinésithérapie que des pratiques recommandées par la HAS "sans qu’elles soient évaluées", comme la socio esthétique, activité physique adaptée.
Et si certaines pratiques comme la sophrologie ou l’hypnose ont des formations reconnues par l’État, "ça ne veut pas dire que tous les praticiens sont formés avec ce diplôme reconnu", précise Véronique Suissa. À l’inverse, la naturopathie ou le magnétisme n’ont pas de formation ou diplôme universitaire, mais "cela ne veut pas dire qu’elles sont dangereuses". En revanche, il y a des pratiques clairement dénoncées par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES) comme la méthode Hamer.
Tout l’enjeu est de savoir comment s’y retrouver pour les patients. Quel médecine parallèle choisir ? Comment choisir son praticien ? "C’est bien ça le problème, décrit Véronique Suissa, il n’y a pas d’orientation possible. Les personnes aujourd’hui ne s’y repèrent pas." La solution serait de demander au praticien quelle formation il a reçue et s’il a obtenu son diplôme obtenu à l’université.
La difficulté vient aussi de ce que l’usager fait de ces méthodes : cherche-t-il le bien-être ou la guérison ? "Est-ce qu’on est face à un patient par exemple atteint de cancer qui décide de son plein gré d’abandonner ses traitements vitaux au profit de méthodes alternatives ?" Pour Véronique Suissa, il y a "aussi une question de croyance, de respect des croyances, et d’articulation entre la liberté de personnes et la sécurité face à une personne qui soit en santé ou en fragilité".
La professionnalisation a notamment consisté pour les magnétiseurs à arrêter de se présenter comme une alternative absolue de la médecine, notamment dans les cas de maladies graves
Le magnétisme fait partie de ces pratiques ancestrales qui reviennent en force en France, notamment. Il arrive même que des oncologues ou des radiothérapeutes le recommandent pour soulager les effets secondaires du traitement conventionnel du cancer.
"Au fil du temps le magnétisme s’est professionnalisé, décrit la sociologue Fanny Charrasse, auteure de "Le retour du monde magique - Magnétisme et paradoxes de la modernité" (éd. La Découverte, 2023). La professionnalisation a notamment consisté pour les magnétiseurs à arrêter de se présenter comme une alternative absolue de la médecine, notamment dans les cas de maladies graves."
Le magnétisme comme l’acupuncture, où il est question de circulation des énergies, est vu comme mystérieux, voire magique. Les magnétiseurs ont-ils un don ? Aujourd’hui, beaucoup disent avoir eu "une expérience énigmatique" de pouvoir guérir quelqu’un en imposant les mains, observe la sociologue.
Dans le cas de l’acupuncture, le praticien doit à un moment donné pouvoir ressentir le qi. Ce qu’a expérimenté le Dr Marie-Alyette Costa-Fournel. Néphrologue, elle a été formée à la médecine classique avant de se tourner vers la médecine chinoise. "L’incidence du magnétisme, l’importance des champs magnétiques sur notre corps humain, sur nos cellules, sur le fonctionnement de nos organes est pour moi une évidence et c’est avec ça qu’on travaille en acupuncture." Pour elle, "on a tendance à considérer le corps comme biologique bien sûr mais il y a aussi une influence du corps physique au sens sciences physiques."
Finalement, tout l’enjeu des médecines parallèles est là : "Quels critères d’explicabilité ?" Le Père Bruno Saintôt, jésuite, directeur du département d'éthique biomédicale aux Facultés Loyola Paris, recommande la prudence. Il salue le travail que fait L’Agence des médecines complémentaires adaptées (A-MCA) qui travaille sur "une sorte de mise en ordre de tout un champ complexe, embrouillé où il y a des pratiques un peu magiques qui pourraient se glisser là-dedans…" Pour écarter toutes formes de charlatanisme, il doit y avoir selon lui une "exigence de scientificité".
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