Avec Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo, il complète le podium imaginaire des plus grands acteurs du cinéma français toutes époques confondues. Un classement forcément subjectif qui tiendrait compte de l’excellence de la filmographie, de la longévité et d’un charisme hors-norme.
Alain Delon appartient sans contestation aucune à la race des seigneurs et nombre de ses films sont passés à la postérité et constituent, aujourd’hui, des classiques du cinéma français voire mondial à l’image du Samouraï, de Monsieur Klein ou encore du Clan des Siciliens. La démonstration en cinq films.
Alain Delon est Jef Costello, un personnage devenu icônique au fil des décennies. Nombreux sont en effet les cinéastes, depuis, à avoir cité ou s’être inspiré du personnage de tueur à gage du film de Jean-Pierre Melville. Melville-Delon, un tandem uni par des liens très forts après ce premier film ensemble. Ils n’en tourneront que trois : Le Samouraï, Le Cercle rouge et un Flic mais tous seront des chefs-d’oeuvre. Les deux hommes, qui ont le sens de la fatalité, développeront des rapports d’amitié intenses. Sur le plateau, Delon et Melville se trouvent avec une facilité déconcertante. Après René Clément et Luchino Visconti, Melville sera son nouveau mentor. Aussi, la mort en 1973 de celui qu’il considérait comme son père spirituel va profondément le changer et renforcer sa mélancolie.
La musique atmosphérique, très atonale et pesante de Monsieur Klein est signée Egisto Macchi. Le film est récompensé en 1977 par trois César : meilleur film, meilleur réalisateur pour Joseph Losey et meilleur décor pour Alexandre Trauner. L’un des plus beaux rôles sans doute d’Alain Delon dans la peau d’un marchand d’art vivant dans un luxueux hôtel particulier parisien. Nous sommes en 1942 sous l’Occupation et l’antisémitisme bat son plein. Aussi, en cherchant à prouver qu'il n'est pas juif, Robert Klein va s'engluer peu à peu dans un piège kafkaïen qui va se refermer sur lui. En évoquant le sort réservé aux juifs sous l'Occupation, Joseph Losey intègre des éléments historiques à une œuvre considérée comme quasi métaphysique. Delon éblouit encore une fois quant à sa capacité à exprimer les sentiments dans la grisaille et la nuit de l’hiver.
Pour Le Clan des Siciliens, Ennio Morricone avouera avoir utilisé les tonalités graves d'un orchestre à cordes les mêlant à des sonorités décalées telles qu’un sifflet ou une guimbarde, déjà présente dans ses musiques chez Sergio Leone. Elles accompagnent, ici, de manière récurrente le personnage joué par Jean Gabin alias Vittorio Manalese, patriarche régnant d’une main de fer sur une famille mafieuse sicilienne lui obéissant au doigt et à l’oeil. Le film totalisera près de 5 millions d’entrées rien qu’en France et fera rentrer dans la légende du cinéma français le trio Gabin, Delon, Ventura, ainsi que la musique de Morricone parmi l’une de ses plus connues.
Trois ans après Le Samouraï, Alain Delon retrouve Jean-Pierre Melville en 1970 pour Le Cercle rouge, autre rencontre au sommet, cette fois-ci avec Bourvil et Gian Maria Volonté. Alain Delon sort encore de prison et projette le casse d'une bijouterie située place Vendôme. Toujours soucieux du moindre détail dans ses films, en particulier de la musique, Melville se montre très dirigiste quant au choix des morceaux. Pressenti dans le projet initial, Michel Legrand est finalement remplacé par Eric Demarsan qui se pliera aux exigences du réalisateur qui souhaite imprimer une couleur spécifique. Un jazz très noir et très polar. Assistant de François de Roubaix sur Le Samouraï, Demarsan n’aura que trois semaines pour composer et diriger finalement un quintette de jazz. Et le moins que l’on puisse dire est que le résultat va s’avérer probant.
En 1971, l’acteur accepte le rôle pas facile d’un criminel évadé du bagne. Après le tournage de La Veuve Couderc, Alain Delon gardera une tendresse particulière pour Simone Signoret. L’acteur confiera à plusieurs reprises avoir été touché par sa mélancolie et sa fragilité. Pierre Granier-Deferre adapte en 1971 le roman éponyme de Simenon et lui donne vie grâce à la composition éblouissante que donnent à leurs personnages Delon et Signoret. Lui dans la peau d’un repris de justice, elle dans celui d’une maîtresse femme en proie à des dissensions avec une belle-famille qui ne l’a jamais acceptée. Émouvante et mélancolique, la BO est signée Philippe Sarde et imprime l'oreille pendant longtemps.
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