Lorsque l’on évoque la Renaissance et le mouvement humaniste, beaucoup de noms viennent à l’esprit : Leonard de Vinci, Dante, Pétrarque… Un seul nom semble tombé aux oubliettes, celui d’Alberti. Pourtant, cet érudit a accompli de grandes choses, dans de nombreux domaines. L’écrivain Yann Kerlau a voulu lui rendre ses lettres de noblesse en lui consacrant un livre intitulé "Léon Battista Alberti - Le magicien de la Renaissance" (éd. Albin Michel, 2023).
C’est par hasard que Yann Kerlau, ancien avocat, a découvert Alberti, après qu’une amie italienne lui a proposé de lire un de ses livres. "Je n’avais jamais entendu son nom préalablement", admet-il. Deux ans et demi lui ont été nécessaires pour rassembler les textes d'Alberti traduits en français et pour faire traduire par sa femme ceux qui ne l’étaient pas. Un temps nécessaire pour reconstituer l’œuvre de cet érudit tombé dans l’oubli. "C’est un génie qui n’a pas eu de chance parce que ses œuvres n’ont jamais été imprimées... Il a traîné cela comme quelque chose d’horriblement douloureux", relate l’écrivain.
Pourtant, Alberti savait bien s’entourer et côtoyer même les grands noms de l’époque. Il était le favori des Médicis, des Gonzaga, et il travaillait pour certains papes dont Eugène IV. Et il faisait preuve d’honnêteté auprès des souverains pontifes. Il leur disait : "Avant de me donner des ordres, il faut que vous ayez vérifié quels sont les fonds dont vous allez disposer", relate Yann Kerlau, et en particulier pour la basilique Saint-Pierre de Rome pour laquelle il a été mandaté comme architecte par le pape Nicolas V. On lui doit aussi beaucoup de basiliques et d’églises à Rome et à Florence.
Car avant d’être un écrivain prolifique, avec "un style remarquable" et dont les œuvres sont "comme un éclairage immédiat sur le monde dans lequel nous vivons", Alberti est aussi un architecte, mathématicien, peintre ou encore sculpteur. Un touche-à-tout en somme. Sa "faim de savoir" est illimitée, avance Yann Kerlau, qui ajoute : "Sa culture est gigantesque et en même temps son besoin de parler, d’agir et en même temps de rêver." C’est pourquoi Alberti s’essaye à toutes ses disciplines et à différents styles littéraires, en faisant de ses aïeux des personnages de roman notamment.
Preuve que "sa façon d’être est d’une puissance extraordinaire et révèle un fonctionnement cérébral constant ", l’écrivain Yann Kerlau raconte qu’Alberti revenait toujours sur ses ouvrages 10, 20 voire 30 ans après les avoir écrits pour voir "'s'ils étaient aussi solides qu’il le pensait". Aujourd'hui, son œuvre tient toujours debout et paraît même parfois contemporaine.
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