En novembre 2022, les Assises des mathématiques ont alerté sur la situation de la discipline. Bien qu’elles soient très utiles dans de multiples domaines, les mathématiques sont en déclin avec un nombre de mathématiciens et un niveau des élèves en baisse. Alors que le gouvernement a réintégré cette matière au tronc commun de première, rencontre avec Michel Rousselet, un enseignant retraité qui rend cette discipline captivante en racontant son histoire.
Dans son livre La belle histoire des maths, Michel Rousselet retrace l’histoire fascinante de cette discipline, depuis l’antiquité. Ils sont nés en Mésopotamie, plus particulièrement dans la région de Sumer, dans l’Irak actuel. Un objet exposé au Louvres témoigne d’ailleurs de cette apparition des calculs. Il s’agit d’une boulette d’argile, dans laquelle « on mettait autant de cailloux qu’il le fallait pour dénombrer le troupeau à livrer, on enfermait ça dans une bulle d’argile qu’on laissait sécher et à l’arrivée le berger tendait ça à l’acheteur qui cassait la bulle et pouvait vérifier que toutes les bêtes étaient là », explique l’ancien enseignant. Ensuite, les mésopotamiens utilisaient des roseaux pour graver des signes particuliers. « C’est comme ça qu’est née l’écriture des nombres ; et paradoxalement, elle a précédé l’écriture proprement dite », précise-t-il.
Plus tard, les Grecs s’intéressent davantage à la géométrie, avec le théorème de Thalès et de Pythagore, qui se révèlent particulièrement utiles pour construire des murs et avoir des angles droits. Mais tous les problèmes mathématiques ne sont pas résolus et se transmettent entre les générations. La discipline évolue également au gré d’échanges entre les nations. Ainsi les Arabes s’inspirent des Indiens, qui ont inventé le zéro et les nombres négatifs pour créer l’algèbre au cours du Moyen-Âge. « Al-Khwarizmi a mis au point des techniques pour régler les équations mais il n’avait pas le formalisme. Chez lui il n’y avait ni x, ni y, tout était avec des mots », s’étonne Michel Rousselet.
Et bien que réputés pour leur facilité, les chiffres arabes ont mis un moment avant d’apparaître en Occident. « Il a fallu trois siècles pour qu’ils s’imposent. Ils ont été introduits par un évêque qui est devenu pape sous le nom de Sylvestre II, raconte Michel Rousselet. Il était attaché de l’ambassade en Espagne à la frontière du royaume andalou, il avait donc vu l’intérêt de ces chiffres et il l’a ramené en France, à Reims, où il a enseigné les mathématiques ». Si les chiffres arabes ont mis tant de temps à être utilisés par les Européens, c’est parce qu’une corporation voyait d’un mauvais œil cette nouveauté sur papier alors que eux utilisés encore des abaques, autrement dit des tables à calculer.
Au travers des siècles, les mathématiques ont permis aux Hommes de répondre aux besoins de leur époque. Outre la gestion des comptes et des stocks, elles ont aidé à la construction des bâtiments, des ponts et des cathédrales, plus particulièrement des cathédrales gothiques qui essayaient de battre des records de grandeur. Les maths ont également permis le calcul des trajectoires des boulets de canon, mais aussi des trajets en bateau, en calculant la longitude en fonction de la position du soleil et la latitude grâce à l’invention du chronomètre de marine. Les nombres décimaux, c’est-à-dire à virgule, eurent eux aussi un avantage pour les fabricants, notamment les fabricants de textile, car ils leur permettaient de réaliser des économies de temps et d’argent. Voilà s’il fallait le démontrer, la preuve de la grande utilité des mathématiques.
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