Quels sont les rituels chrétiens autour de la mort ? Comment ont-ils évolué ? À l'approche du Jour des morts, RCF a posé la question à l'historien Bernard Berthod, auteur du livre "Rites funéraires catholiques" (éd. Fage, 2019).
Dans la tradition catholique, une personne très malade ou en fin de vie peut recevoir l’onction des malades. Un sacrement délivré alors que la personne est en vie et qui "prépare à une éventualité fatale", explique l'historien Bernard Berthod. "Parce que le chrétien - les catholiques surtout et les orthodoxes aussi - ne veulent pas quitter ce monde sans avoir un dernier sacrement." Mais l’onction des malades "ne garantit pas le paradis", précise l'historien, "on n’échappe pas au jugement" ! C’est plutôt l’idée "d’être en règle", "on met de son côté toutes les possibilités de se dire bon chrétien".
Aujourd’hui, il est de plus en plus rare en France de mourir chez soi. De ce fait, les veillées funèbres sont de moins en moins organisées. "À l’hôpital c’est impossible d’organiser une veillée funèbre, observe Bernard Berthod, il faut déjà se battre pour faire donner l’extrême onction !" Dans la société rurale des années 1880, 90, quand une personne venait de mourir, un jeune courait prévenir le curé du village pendant que les femmes préparaient le corps pour "le rendre présentable". Souvent, au cours de la veillée funèbre on récitait un ensemble de prières, que l’on puise dans la tradition monastique. "Le psaume 118 est très souvent cité dans ces moments-là."
Y a-t-il un rituel au moment de fermer les yeux du défunt ? "C’est quelque chose que l’on retrouve un peu partout pas seulement dans le christianisme, répond Bernard Berthod, ce n’est pas vraiment un rite mais un geste qui veut dire que la personne a cessé d’ouvrir les yeux." L’historien précise que l’on a développé tout un ensemble de superstitions autour des yeux du mort qui restent ouverts, "tout un tas de sentiments négatifs".
Entre la mort et les funérailles, il existe le rituel de la mise en bière. On confie en général à des professionnels le soin de mettre le corps du défunt dans le cercueil, que l’on laisse ouvert le temps de se recueillir. Un rituel au cours duquel les proches peuvent réciter des prières comme le psaume 50, ou chanter le Miserere.
En Corse encore aujourd’hui, on confie la récitation des prières à une personne tierce que l’on gratifie pour cela d’une "obole", comme l’explique Bernard Berthod. Et il n’est pas rare qu’en Amérique latine ou en Afrique, on recouvre le visage du défunt d’une étoffe blanche ou d’un suaire. Un rite qui ne se fait plus en Europe.
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