Au cinéma cette semaine - Les films : "La grande magie" et "Le retour des hirondelles"

"La grande magie", une fable poétique au charme fou

"La grande magie" est une comédie adaptée d’une pièce de théâtre d’Eduardo De Filippo. L’histoire d’une troupe de saltimbanques qui arrivent dans un hôtel pour divertir sa riche clientèle oisive. Albert le magicien (joué par Sergi Lopez) fait disparaître un soir une des clientes, Marta, qui profite du numéro pour s’évaporer dans la nature et fuir un mari jaloux et possessif. À partir de là, Noémie Lvovsky tisse une fable poétique, échevelée, au charme fou et au style original. C’est son septième long métrage et il y a toujours chez elle ce mélange de fantaisie, de merveilleux, et de légèreté teintée de mélancolie.

Avec ce film, Noémie Lvovsky rend un hommage au cinéma. Il y a plusieurs références au cinéma des premiers temps : des séquences en accéléré, des gags burlesques… Elle nous rappelle que le cinéma à ses débuts était un art forain. Que George Méliès avant de passer derrière la caméra, était un magicien.

Son film est une réflexion plus profonde qu’il n’en a l’air sur ce besoin d’imaginaire qu’on a pour mieux appréhender la réalité et sur la frontière parfois ténue, entre l’illusion et le mensonge. Le cinéma, c'est aussi un art de troupe. Noémie Lvovsky a réuni autour d’elle une des plus belles têtes d’affiches de la rentrée : Denis Podalydès, Rebecca Marder, Judith Chemla, François Morel, Damien Bonnard, Laurent Stocker.

"La grande magie" est vun film musical. De nombreuses scènes sont chantées et dansées. Elles viennent clore chaque séquence, à la façon de Jean de La Fontaine, en nous révélant une vérité supérieure sur les personnages. Ce sont les acteurs et actrices qui dansent et qui chantent en direct. Il y a un côté un peu foutraque, spontané, mais c’est joyeux, allègre. Et c’est sur une musique et des paroles du groupe de rock français Feu ! Chatterton, qui sont formidables ! 

"Le retour des Hirondelles", une œuvre lumineuse

"Le retour des Hirondelles" est un film chinois de Li Ruijun, sorti en salles en Chine puis interdit de projection ensuite. L’arrière-fond politique du film, qui dénonce la corruption et l’urbanisation sauvage des campagnes, n’a pas plu au pouvoir en place. La trame de l’histoire est une relation d’amour bouleversante qui éclot au sein d’un mariage arrangé, entre le dernier d’une fratrie, corvéable à merci chez lui, et une jeune femme handicapée à la suite de maltraitances subies dans son enfance.

Derrière ce tableau, qui paraît très sombre, le réalisateur nous livre en réalité une œuvre lumineuse, empreinte d’une grande humanité, qui avance au rythme lent des saisons, mais qui nous relie à la terre et dont chaque plan est un tableau somptueux.