Cette semaine, je vous propose une comédie policière des années 30. Il s'agit du film "Mon crime", de François Ozon, adapté d'une pièce de théâtre sortie dans l'entre-deux-guerres.
Ozon s’est souvent inspiré du théâtre pour ses films. Il aime le côté outré, caricatural des personnages, limite artificiel des décors, des costumes. On se souvient de "Huit femmes", un huis clos coloré et musical, adapté façon Agatha Christie. Puis il y a eu "Potiche", avec Catherine Deneuve en épouse modèle des années 70, prenant le pouvoir dans l’usine de son mari.
Ozon présente "Mon crime" comme le troisième opus d’une trilogie sur les femmes. En ce 8 mars, Journée internationale du droit des femmes, c’est tout à fait d’actualité. Dans "Huit femmes", il évoquait un matriarcat, dans "Potiche", c’était la sortie du patriarcat, et ici il parle d’un film sur la sororité.
Le film commence par le meurtre d'un producteur dont une jeune actrice va s'accuser à tort, poussée par son amie avocate. Les deux sont sans travail, et elles espèrent trouver la notoriété et la gloire. Le film est réjouissant, la reconstitution du Paris des Années folles est superbe, les dialogues sont vifs, enlevés et Ozon leur donne une touche tout à fait contemporaine, qui résonne avec l’actualité. Et en même temps, il s’amuse à reprendre tous les codes des comédies hollywoodiennes des années 30, les fameuses "screwballs comedies" signées Lubitsch, Capra, Hawks... Au début du film, les deux amies vont au cinéma voir "Mauvaise Graine", de Billy Wilder, avec Danielle Darrieux jeune. Ce qui est un double clin d’œil et hommage puisque c’est elle aussi qui jouait la grand-mère dans "Huit femmes". La boucle est bouclée !
On retrouve ici d'autres thèmes chers à François Ozon. Il a une filmographie assez éclectique en termes de genres (il a tourné des comédies, des thrillers, des films d’époque). Mais parmi leurs points communs il y a un goût d’Ozon pour sonder les ambigüités de l’âme humaine, et pour interroger les frontières du bien et du mal. André Dussollier (qui joue le rôle du beau-père) se pose la question avec angoisse. Les femmes sont ici effectivement de beaux personnages solidaires mais aussi un brin calculatrices voire manipulatrices.
Un casting cinq étoiles, avec trois actrices formidables : les deux jeunes qui montent en ce moment, Rebecca Marder (qu’on a vue cette année dans le biopic "Simone", où elle incarnait Simone Veil jeune), et la seconde c’est Nadia Tereszkiewicz, qui vient de recevoir le César du meilleur espoir féminin pour "Les Amandiers". Face à elles, Isabelle Huppert joue une ancienne star du muet qui vient revendiquer sa part de gloire. Les trois sont très drôles.
Et les seconds rôles aussi jubilatoires ! Fabrice Lucchini en inspecteur misogyne, clone de Louis Jouvet. Et des plus petits rôles tenus par Daniel Prévost, Michel Fau, Myriam Boyer… mais
tous sont excellents !
Xavier de Lauzanne est aussi le réalisateur du film "Les pépites" et de "9 jours à Raqqa". Le sous-titre de son nouveau film c’est "une radio pour la paix". Et c’est encore une fois un film assez édifiant sur une initiative portée par plusieurs ONG dont L’Œuvre d’Orient qui ont permis la création de cette radio multiconfessionnelle, en Irak. Elle rassemble des journalistes yézidis, musulmans, chrétiens et qui œuvrent pour la paix et la réconciliation en allant donner la parole sur le terrain, aux réfugiés des camps d’Erbil, de Mossoul et qui tentent ainsi de redonner espoir à toute une population traumatisée par la guerre et par Daech.
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