La sortie d'un film de Steven Spielberg c'est toujours un événement. Un peu plus d'un an après son "Westside story", il revient cette fois avec un film très autobiographique, "The Fabelmans".
En général, que ce soit au cinéma ou en littérature, ce sont les premières œuvres qui sont inspirées de la vie de leur créateur. Steven Spielberg aura attendu d’avoir 76 ans pour oser raconter son histoire personnelle et familiale. Et il le fait avec beaucoup de pudeur, de tendresse et de nostalgie ! Il faut l’écouter remercier les votants pour les deux Golden Globes qu’il vient de recevoir pour ce film : il est très touchant de simplicité, on sent une grande émotion contenue quand il dédie ce film à ses parents et à ses sœurs. Et même à 76 ans, il a toujours cet air éternel d’enfant surpris et émerveillé qui illumine tous ses films.
Parce que Spielberg c'est un grand raconteur d'histoires, il a excellé dans tous les gens cinématographiques. Il a commencé avec des thrillers comme "Duel" ou "Les Dents de la mer", puis il est passé à la science-fiction avec "Rencontre du troisième type" ou même "E.T.", à des films historiques et bien sûr à ses grands films d’aventures familiaux que sont les "Jurassic Park" ou "Les Aventuriers de l’Arche perdue".
Pour parler de lui, il signe une œuvre plus modeste, classique en apparence, mais qui est un chef d’œuvre de mise en scène quand il raconte sa vocation de cinéaste. Elle est née en voyant, avec ses parents, à 5 ans, le film de Cecil B. DeMille "Sous le plus grand chapiteau du monde" qui l’a à la fois subjugué et traumatisé. C’est le film fondateur et initiatique à partir duquel il n’a plus jamais arrêté de vouloir mettre le monde en images.
Son double à l'écran s'appelle Sammy et le film commence dans les années 50. Il commence par une enfance heureuse dans le New Jersey, puis Sam déménage à Phoenix, Arizona, puis en Californie. À chaque fois la famille suit les promotions professionnelles du père ingénieur dont Sam / Steven a hérité le
goût pour la technique.
Au départ, il y a un côté très artisanal au cinéma. On le voit déguiser ses sœurs en momies avec du papier toilette pour tourner son premier film d’horreur. Ou bien percer ses pellicules Super-8 de micros trous pour simuler les coups de feu
dans ses westerns amateurs.
Derrière cette simplicité, il y a aussi une réflexion profonde sur le pouvoir des images. Sur leur capacité à transcender les peurs et la solitude du petit Sam, mais aussi à révéler des vérités cachées. Adolescent, il découvre l’adultère de sa mère en
visionnant et en montant ses films Super-8, dans une scène d’anthologie bouleversante ! C’est aussi par les images qu’il va sublimer toutes ses blessures : l’antisémitisme au collège, le divorce de ses parents… le film prend alors une tournure plus mélancolique. Mais il y a aussi beaucoup d’humour dans son film, notamment dans le personnage de sa première fiancée catholique, archi croyante et qui veut le faire prier à tout bout de champ !
"The Fabelmans", c’est avant tout une formidable déclaration d’amour au cinéma et à ses parents, à sa mère en particulier, jouée par Michele Williams, qu’il ne juge jamais et qui à la fin lui demande pardon. Je pense qu’il a fait ce film pour cette scène-là, libératrice pour lui. Et peut-être aussi pour la dernière scène, irrésistible : un hommage à John Ford qui lui et nous donne une leçon de cinéma aussi percutante que brillante !
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