Cette semaine sort en salles le dernier Tim Burton. Mais ça n'est pas ce film qui a attiré l'attention de Valérie de Marnhac. Notre chroniqueuse revient sur un documentaire qui raconte la restitution au Bénin d'œuvre d'art exposées en France.
Le film-évènement cette semaine, c’est le nouveau Tim Burton, BEETLEJUICE BEETLEJUICE, la suite d’un de ses premiers films devenu culte.
Tim Burton n’a rien fait depuis Dumbo, sortie il y a 5 ans, et a traversé -dit-il- une période de dépression depuis. C’est donc d’autant plus réjouissant de le voir revenir au meilleur de sa forme.
Tim Burton c’est avant tout une imagination folle, une créativité débordante, des personnages déjantés et survoltés (souvenez-vous de ses adaptations de Charlie et la chocolaterie ou d’Alice au pays des Merveilles). Mais ici on retrouve plutôt son côté macabre et farceur, des scènes de cauchemars loufoques, pour nous faire rire de nos propres peurs. Avec Beetlejuice, on plonge dans le monde de l’au-delà, aux côtés d’une vedette de télévision médium, aux prises avec sa fille ado rebelle. C’est totalement débridé, un peu foutraque mais finalement très cathartique !
Ce film revient sur la restitution récente par la France d’œuvres d’art au Bénin. Son titre : DAHOMEY, de l’ancien nom de la République du Bénin. Peut-être aviez-vous eu la chance d’aller voir au musée du Quai Branly, à Paris, ces 26 statues, trônes royaux et autres trésors du royaume d’Abomey avant qu’ils ne repartent dans leur pays d’origine en 2021.
On avait beaucoup débattu à l’époque sur le geste historique que cela représentait, et sur la légitimité ou non de rendre ces œuvres considérées comme des prises de guerre. Mais Mati Diop renverse le regard en filmant leur retour, leur arrivée à Cotonou sur leur nouveau lieu d’exposition, devant la population béninoise qui les découvre ébahie. Cela change totalement la perspective.
Au cours d’un grand débat organisé au sein de l‘université, toutes les questions que ce retour soulève sont posées, que ce soit sur un plan historique, politique, économique, social. C’est extrêmement vivifiant de voir la jeunesse africaine s’emparer de son histoire et de son avenir. On mesure à quel point l’art et la culture font partie d’un peuple, et peuvent lui redonner sa fierté et son identité. Mati Diop est elle-même franco-sénégalaise. Elle a cette double culture. Dans son premier film, Atlantique, Grand Prix du Jury à Cannes, elle évoquait les rêves d’exil sans-issue de la jeunesse de Dakar. A travers ces statues, elle leur offre en quelque sorte un voyage retour.
Mais le film est aussi une réflexion poétique sur le rôle de l’art
La réalisatrice invente un nouveau langage visuel pour traduire l’invisible. Chaque image est porteuse de sens. Comme ce premier plan de tours Eiffel miniatures qui scintillent dans la nuit comme autant de leurres séduisants mais trompeurs.
Au genre documentaire d’où elle vient, elle ajoute une fibre fantastique qui fait d’elle une voix singulière dans le cinéma. L’une des statues raconte même en voix-off, dans sa langue originelle, le fon, que les œuvres d’art peuvent avoir une âme...
Le film de Mati Diop s’intitule DAHOMEY et a reçu l’Ours d’or au dernier festival de Berlin, un an après un autre documentaire français de Nicolas Philibert, c’était Sur l’Adamant.
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