Avec plus d'un million de kilomètres au compteur, le réseau routier français est l'un des plus grands et étendus d'Europe. De l'époque des voies romaines, en passant par les routes militaires et les Nationales, retour sur l'histoire de nos réseaux routiers. En voiture !
On l'emprunte chaque jour en voiture et beaucoup l'été sur la route des vacances. Notre réseau routier en France est le plus étendu d'Europe avec plus de 16,3 kilomètres pour 1000 habitants. Quelle est son histoire ? À partir de quand nos routes sont-elles devenues fonctionnelles ?
L'image d'Astérix et Obélix qui marchent sur les voies romaines aux pavés bien alignés est trompeuse quand il s'agit d'évoquer l'histoire de nos routes. "Il n'y avait pas un système si bien organisé. Les voies romaines étaient conçues à base de cailloux ; il y avait beaucoup de trous et de terre", raconte Nicolas Verdier géohistorien et directeur de recherche au CNRS au laboratoire Géographie-cités. Un système mal pensé, qui ne permettait pas d'être certain d’aller d’un point à un autre du territoire.
Les voies romaines étaient conçues à base de cailloux ; il y avait beaucoup de trous et de terre.
Il faudra attendre jusqu'en 1747 pour voir un réseau routier se développer. "C'est la création de l'École nationale des ponts et chaussées qui va tout changer. Une institution dont le rôle va être d'entretenir les routes à l’échelle de la France", souligne le géohistorien. L'un des ingénieurs de cette école, Pierre Marie Jérôme Trésaguet, va alors inventer une nouvelle forme d'empierrement des routes : "il va choisir une manière de rendre la route plus durable, pour empêcher notamment que l'eau ne rentre à l'intérieur", explique Nicolas Verdier. C'est le début d'un long chemin.
C'est la création de l'École nationale des ponts et chaussées qui va tout changer.
C'est dans cette période que l'on pense véritablement les relations entre les différentes voies pour se déplacer dans l'ensemble de la France. "C’est à ce moment-là que naissent les systèmes de transports comme la chaise de poste, le TGV de l'époque, qui va permettre de desservir tout le territoire", souligne le géohistorien. C'est la fin du premier Empire colonial français. "Puisqu’on n’a pas réussi à étendre le territoire, on va densifier et aménager au mieux celui qu’on a", explique Nicolas Verdier.
Une politique routière se met en place. Plus tard, vers 1820, c'est l'invention du macadam, une technique anglaise de revêtement des routes. Puis le goudron et le bitume au début du 20e siècle ont permis de solidifier notre réseau routier.
"Les gens utilisent la voiture, il leur faut un bon réseau". En France en 1949, il y avait 1,4 million de voitures. 20 ans plus tard, le pays en comptait 7 millions. "C'est vraiment la voiture qui a permis à l'État d'investir dans les réseaux routiers et surtout d'accepter les investissements", explique Nicolas Verdier. Des investissements pourtant inégaux. "Quand on parle de déserts médicaux, il faut aussi évoquer les déserts routiers. Les accès sont de moins en moins faciles. Il y a des endroits où l'on a moins investi. On a préféré les autoroutes", déplore le géohistorien.
Ce sont d'ailleurs ces dernières qui vont remplacer le chemin de fer dans la vision militaire du territoire. Petite anecdote, l’État va longtemps refuser la construction des autoroutes. "Il va falloir attendre la veille de la Seconde guerre mondiale pour qu'on se dise que c'est une réforme intéressante qui pourrait aider aussi l'armée", explique le géohistorien. En 2024, la France compte 13.000 kilomètres d'autoroute, 380.000 kilomètres de départementales et 700.000 kilomètres de petites routes.
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