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Femmes de pouvoir, sortir des stéréotypes

Un article rédigé par Tom Baraffe - RCF, le 28 septembre 2022 - Modifié le 17 juillet 2023
Les Racines du présentDe la singularité des femmes dans l'exercice du pouvoir : les leçons de l'histo

De l'avis unanime, la reine Élizabeth II, dont l'Angleterre vient de célébrer les funérailles en grande pompe, laissera une marque indélébile dans l'Histoire. Les femmes ont-elles une façon spécifique de régner ? Est-il plus facile ou plus difficile pour une femme d'asseoir son pouvoir ? Comment dépasser les stéréotypes ? Un livre vient justement écorner le mythe d'une supposée prédisposition des hommes dans les affaires publiques. "Femmes d'État - L'art du pouvoir, de Cléopâtre à Elizabeth II" (éd. Perrin / Le Figaro), sous la direction d'Anne Fulda.
 

Marie-Thérèse d'Autriche, héritière des États des Habsbourg ©wikimediacommonsMarie-Thérèse d'Autriche, héritière des États des Habsbourg ©wikimediacommons

 

Hommes et femmes au pouvoir : sortir des stéréotypes

 

Selon Anne Fulda, "les femmes n'ont pas vraiment désiré ni fantasmé le pouvoir". "Elles ne connaissent pas de jouissance narcissique ni de dérive courtisane ni d’esprit de conquête", écrit-elle dans l’introduction à "Femmes d'État - L'art du pouvoir, de Cléopâtre à Elizabeth II" (éd. Perrin / Le Figaro). "Les femmes ont longtemps été reléguées à une dimension non pas d’actrice mais de témoin passif et bienveillant", admet Vincent Hugeux, qui a participé à la rédaction de l’ouvrage. Et bien des femmes sont devenues des chefs d’État sans l’avoir voulu.

 

Mais dire que les femmes ne recherchent pas le pouvoir, cela ne relève-t-il pas d’une forme "d’essentialisme" ? C’est en tout cas l’avis de Vincent Hugeux. "Certes, la longue des tyrans qu’a porté cette pauvre planète depuis la création du monde est essentiellement masculine… mais l’hubris, l’ego ne sont pas l’apanage de la masculinité." Le livre auquel il a contribué s'intéresse aux destins de Catherine de Médicis, Aliénor d'Aquitaine, Isabelle la Catholique, Christine de Suède, Sissi, Victoria, Margaret Thatcher, Indira Gandhi ou encore Ellen Johnson Sirleaf. Vincent Hugeux rappelle que certaines de ces femmes "ont fait preuve d’une cruauté abyssale", quitte à entrer en désaccord avec le propos d’Anne Fulda. 

 

Comme le souligne Robert Solé, ancien journaliste au Monde et désormais chroniqueur pour Le 1, et co-auteur de l’ouvrage dirigé par Anne Fulda, "se retrouvant au pouvoir, une Marie-Thérèse d’Autriche se comporte exactement comme un homme violent !" De même, avec l’exemple d’une Cléopâtre qui a "fait assassiner ses frères l’un après l’autre", on comprend qu’il n’y a pas une essence féminine ou masculine du pouvoir.

 

Des femmes au pouvoir : l’apanage de nos démocraties modernes ?

 

Aujourd'hui, de plus en plus de femmes accèdent à des postes très importants au sein de différents gouvernements et entreprises. De la Finlande à Taïwan, de nombreux pays ont eu dans le passé ou ont actuellement une femme présidente ou première ministre. La France ne fait pas exception avec Élisabeth Borne et Édith Cresson.

 

Il n'y a jamais eu autant de femmes de pouvoir dans l'histoire. Cela est-il dû au développement des démocraties modernes ? En France, dès 1936 trois femmes ont été secrétaires d'État sous Léon Blum. "Des femmes ont été ministres sous le front populaire avant d'avoir le droit de vote, rappelle Vincent Hugeux, ce qui est une ineptie historique !" 

 

En Iran, un pays considéré comme une dictature, où elles sont loin d'avoir les mêmes droits que les hommes, les femmes ont eu accès à des hauts postes. Par exemple, Marzieh Vahid Dastjerdi a été ministre de la Santé entre 2009 et 2012. Alors qu'il y a toujours des débats au sein du pays pour savoir "si en termes coraniques une femme est un être humain", explique Vincent Hugeux, journaliste spécialiste de l’Afrique.

 

Y a-t-il un comportement féminin dans la maîtrise du pouvoir ?

 

"Dans l’histoire et encore aujourd’hui, les femmes ont plus de difficulté à accéder au pouvoir." Emmanuelle Giuliani, journaliste à La Croix, avance une hypothèse : "Les femmes ayant eu plus de difficultés à accéder au pouvoir… il est vrai qu’on a tendance à les voir plutôt du côté de celles qui auraient les valeurs positives écrasées et qui, une fois au pouvoir, pourraient se souvenir de tout ce qu’elles ont subi et organisé un exercice du pouvoir qui se fonderait sur la lutte contre toutes ces brutalités et ces violences…" Mais "ce n’est pas parce qu’on a été victime, que, quand on a les moyens de ne plus l’être, on l’exerce avec mansuétude et magnanimité !"

 

Vincent Hugeux avance, lui, l’hypothèse inverse. Il a lui-même été témoin de "femmes, qui, parvenues au pouvoir, un peu mues par une sorte de revanchisme sur l’inéquité du sort qui était le leur pendant des décennies, faisaient preuve d’encore plus de brutalité dans la manière de gérer les hommes au sens large du terme…"

 

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