Accueil
RCF Hôpital-Beaulieu : la restauration d'un couvent du XIIIe siècle dans le Lot
Partager

Hôpital-Beaulieu : la restauration d'un couvent du XIIIe siècle dans le Lot

Un article rédigé par Véronique Alzieu - RCF, le 24 juin 2024  -  Modifié le 28 juin 2024
Contre courant Hôpital Beaulieu : La restauration d'un couvent du XIIIè s. dans le Lot

Dans le Lot, non loin de Rocamadour, on s’affaire autour des vestiges de l’Hôpital-Beaulieu. De ce couvent du XIIIe siècle il ne reste que la salle capitulaire et quelques pans de mur. Des éléments suffisamment remarquables pour que diverses énergies se mobilisent à son chevet. Un chantier de restauration est engagé pour sauver cette pièce voutée où les religieuses se retrouvaient en chapitre. Une salle à l’architecture fine et élégante qui ne demande qu’à revivre.

Chantier de la salle capitulaire de l'hôpital Beaulieu ©V. Alzieu Chantier de la salle capitulaire de l'hôpital Beaulieu ©V. Alzieu

Dans la commune d'Issendolus, dans le Parc naturel régional des Causses du Quercy, c'est un chantier délicat qui a débuté en octobre 2022. La restauration de l'Hôpital-Beaulieu - dont l'histoire est liée à celle de l'Ordre de Malte - ou plus exactement ce qu'il en reste, la salle capitulaire, un chef d'œuvre d'architecture religieuse du XIIIe siècle. Véronique Alzieu a pu visiter le chantier.

Restaurer le patrimoine religieux

En ce lundi matin, l’équipe est au grand complet pour la traditionnelle réunion de chantier. Au centre de toutes les attentions, la salle capitulaire de l’Hôpital-Beaulieu. Ses vestiges se situent sur la petite commune d’Issendolus, situé sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Le "chef d’orchestre" des travaux, c’est Francis Kovacs. Avec d'autres habitants du village, ils ont créé une association pour sauver ce qui reste de l’ancien couvent. "C'était immense ! explique Francis Kovacs. L'ensemble du couvent s’étendait sur près de trois hectares qui étaient couverts de bâtiments dont on n’a aucun plan. Il n’y a plus que cette salle, une petite chapelle attenante et le mur d’enceinte."

 

Francis Kovacs ©Véronique Alzieu

 

Trois hectares qui étaient couverts de bâtiments. C'était immense !

 

Actuellement, l’édifice est entouré d’un chainage en béton qui maintient l’ensemble. Le bâtiment étant classé monument historique, les travaux entrepris nécessitent une expertise particulière. "Il y a eu de longues phases d’études avant le lancement du chantier, explique Stéphane Thouin, architecte en chef du patrimoine en charge des travaux. Les démarches impliquent de longues phases de validation."

 

Pendant près de six siècles le couvent a joué un rôle considérable

 

800 ans d’histoire

Le couvent est fondé au XIIIe siècle par les seigneurs de Thémines, qui, soucieux de sa pérennité, le confient à l’Ordre des Hospitaliers de de Saint-Jean de Jérusalem (futur Ordre de Malte). Les moniales - qui comptent parmi elles quelques grandes figures comme sainte Fleur (1236-1793) ou la vénérable Galiote de Sainte-Anne pendant la Contre-Réforme - étaient issues des grandes familles locales. "Les plus célèbres sont les Thémines, les Castelnau puis les Gaillac Gourdon Genouillac, la plus puissante peut-être, précise Francis Kovaks. Les moniales issues de ces familles étaient appelées sœurs de justice et elles ne pouvaient pas être plus de trente-neuf au sein du monastère."

Pendant près de six siècles, le couvent a joué un rôle considérable sur les plans politique, économique (250 personnes y travaillaient) et social puisque c’était un hôpital. "En 1793, tous les ordres religieux sont spoliés, raconte Francis Kovacs, mais la prieure fait valoir que le couvent dépend de l’Ordre souverain de Malte. Ça protège la communauté un certain temps, puis la Convention vote la saisie de tous les biens de l’Ordre et le couvent est pillé et brûlé. Aucune des sœurs n’est tuée, mais elles sont dispersées."

 

La chance de la salle capitulaire est d'avoir été gardée pour un usage agricole 

 

©Véronique Alzieu

Une architecture élégante

Les pierres des bâtiments qui n'ont pas été vendues ont été utilisées par les habitants des alentours. On en trouve dans à peu près chaque maison du hameau. "La chance de la salle capitulaire, explique Stéphane Thouin, c’est certainement d’avoir été gardée pour un usage agricole, peut-être pour abriter des troupeaux ou stocker du foin, ce qui fait que les pierres n’ont pas été dispersées". 

On est frappé par l'architecture fine, élégante et raffinée de la salle dans laquelle les moniales tenaient leur chapitre. "Les étages supérieurs ayant disparu, précise Stéphane Thouin, une toiture sommaire avait été aménagée pour protéger l’ensemble. Avec le temps elle s’est altérée et des infiltrations ont traversé les voutes. Le gel a fait éclater les pierres et fragilisé l'ensemble. Nous sommes obligés d'étayer pour reprendre toute une partie de la structure et notamment les nervures qui arrivent sur la clé de voûte." 

 

Depuis des années, avec l’association et M. Kovacs, nous travaillons à mettre les partenaires autour de la table

 

Une mobilisation générale

L’Hôpital-Beaulieu est un trésor de plus dans un département qui n’en manque pas. "Notre richesse dans le Lot, c’est le patrimoine, explique Caroline Mey, vice-présidente du département du Lot, en charge du patrimoine et de l’archéologie. Il nous paraissait essentiel de sécuriser ce site et espérons-le, de le faire vivre ! Depuis des années avec l’association et M. Kovacs nous travaillons à mettre les partenaires autour de la table. En terme de budget on atteint une million et demi d’euros mais tous ensemble, la Région, le Département, la Drac, la Fondation du patrimoine et la Fondation de l’Ordre de Malte, on est en passe d’y arriver. Ce lieu est un écrin merveilleux et notre objectif est de le faire vivre y organisant des concerts, des conférences ou tout autre évènement culturel."

 

On lui attribue une centaine de miracles

 

©Véronique Alzieu

Sainte Fleur

De sainte Fleur on sait peu de chose. Née dans une grande famille du Cantal, elle a refusé de se marier et a rejoint ses sœurs qui étaient déjà à l’Hôpital-Beaulieu. "Moi, je l’appelle la sainte Thérèse avant l’heure, confie M. Kovacs, à cause de son humilité".

Pour Bruno Martin, chapelain de l’Ordre de Malte et historien du Moyen Âge, c’est avant tout une femme de prière. "Elle donne des conseils spirituels à ceux qui viennent la voir, on lui confie des intentions de prière qui souvent se réalisent, précise-t-il. On lui attribue une centaine de miracles d’où sa réputation de sainteté. Elle a une grande dévotion à la passion du Christ, qu’elle revit spirituellement".

Dans l’église d’Issendolus, où se trouvent ses reliques, elle est représentée sur un vitrail en robe rouge et manteau noir sur lequel figure la croix de Malte. "La date de l’inauguration de l’Hôpital-Beaulieu est déjà fixée se réjouit Francis Kovacs : ce sera le 5 octobre 2025, jour de la sainte Fleur !"

 

Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Contre courant

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

  • Ce don ne me coûte que 0.00 € après déduction fiscale

  • 80

    Ce don ne me coûte que 27.20 € après déduction fiscale

  • 100

    Ce don ne me coûte que 34.00 € après déduction fiscale

Faire un don