Immense poète de la fin du XIXe siècle, Gerard Manley Hopkins est assez méconnu en France. Le parcours de ce poète victorien converti au catholicisme et devenu jésuite fait de lui une figure étonnante. Il est l’auteur d’une œuvre singulière et bouleversante, que Bruno Gaurier contribue à faire connaître en France, notamment à travers deux ouvrages : "Poèmes" et "Où s'enracine la beauté" (éd. Cerf).
Bruno Gaurier est "tombé absolument ahuri" lorsqu'il a lu pour la première fois un poème d’Hopkins. À tel point qu'il s'est senti mal et qu'il a dû sortir du bus où il se trouvait et poursuivre sa lecture sur un banc public. "Le naufrage du Deutschland" l’avait "saisi". "J’ai été saisi d’emblée par le rythme et le son dans tout le poème", confie-t-il. Il a aussitôt entrepris de traduire ce poème qui avait suscité en lui une telle passion. Depuis, Bruno Gaurier contribue à faire lire l'œuvre d'Hopkins en France grâce à ses remarquables traductions. Il s’attache tout particulièrement à faire entendre la musicalité de la langue d’Hopkins.
Relativement peu connu en France, Gerard Manley Hopkins est un poète de l’ère victorienne. Né en 1844 dans une famille aisée, une famille d’artistes, il est l’auteur d’une œuvre singulière, bouleversante. Son parcours intime, poétique, culturel mais aussi spirituel et religieux fait de lui une figure étonnante. À 16 ans, ce brillant jeune homme a reçu un prix pour son poème "The Escorial". Fils de famille nombreuse et aîné de huit enfants, il a hésité à devenir peintre. À la fois mondain et atypique, il pouvait "partir dans des moments de délire" lorsqu’il admirait la nature… Rapidement, Hopkins s’est distancié du victorianisme ambiant.
Dès l’âge de 18 ans, le jeune Hopkins a remis en cause son anglicanisme. Il a rejoint le tractarianisme, aussi appelé mouvement d’Oxford, un courant de pensée philosophique et religieux d’anglicans qui reconnaissaient l’autorité du pape. En 1865, il était encore étudiant quand il a annoncé au cardinal Newman son intention de devenir catholique. Une conversion qui pourtant synonyme de rupture avec son milieu familial et culturel.
Rupture avec la poésie aussi, mais provisoirement. En 1866, Hopkins est entré chez les jésuites. Dès lors il a cessé d’écrire des poèmes. Il a même brûlé certaines œuvres de jeunesse. Mais c’est alors qu’il s’est mis à écrire son journal : "On retrouve des essais poétiques tout le long du journal", note son traducteur. (Bruno Gaurier prépare une traduction intégrale de son journal pour les éditions du Cerf.) Hopkins a renoué avec la poésie en 1875. Sur les conseils de son supérieur, qui avait mesuré l'affolement du poète en apprenant la nouvelle d’un naufrage dans la presse. Il pensait qu'écrire le calmerait. Cette année-là, il écrit le très long poème "Le naufrage du Deutschland".
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