C’est la première fois que le château de Saché recueille de tels documents. Trois lettres, écrites par Honoré de Balzac lui-même, viennent de rejoindre ce lieu ou l’écrivain aimait passer ses jours. Des lettres qu’il adresse au propriétaire de la demeure, à qui il se confiait sans hésitation.
L’acquisition de ces lettres reste inédite pour le château qui ne possédait jusqu’alors aucune correspondance entre l’écrivain et le propriétaire du domaine. Ce sont donc trois lettres, deux de 1846 et une de 1847, qui sont parvenues au Musée Balzac après une longue attente. L'occasion d’en savoir plus sur l’écrivain et ses relations amicales tourangelles. Des lettres qui resteront encore deux mois accessibles au grand public, avant d’être rangées pour être mieux préservées.
Aujourd’hui, toutes les correspondances de Balzac ont été conservées, principalement à l’Institut Nationale de France ou bien par des collectionneurs privés. En revanche, certains collectionneurs sont encore inconnus, ce qui rend le recensement des correspondances plus difficile. Heureusement pour le musée et pour la Touraine, un libraire a fait savoir qu’il avait reçues en vente les trois lettres de la part d’un collectionneur privé. Ces lettres apportent toujours des informations complémentaires sur la vie de leur expéditeur, bien qu’ils puissent falsifier la vérité en arrangeant les faits à leur manière, selon les destinataires.
Les correspondances nous servent de source principale bien que Balzac pouvait mentir.
Isabelle Lamy, responsable du Musée Balzac.
Cependant, Jean Margonne, propriétaire du château de Saché, était une personne avec qui Balzac semblait être sincère, il le connaissait depuis son plus jeune âge lorsque ses parents vivaient encore en Touraine. Bien que ces lettres étaient connues avant qu’elles ne parviennent au château, leur arrivée n’en est pas moins un fait rare qui permet d’en savoir davantage sur Balzac mais aussi sur ce propriétaire bien méconnu.
On connaît peu de chose sur Jean Margonne, nous n’avons même pas de portrait.
À la lecture de ces lettres, le portrait des deux hommes se dessine peu à peu.
Balzac y évoque ses voyages, l’écriture de son roman Les Paysans, l’évolution des moyens de transport tels que le train Paris-Tours qui s’effectuait en six heures en 1846 contre 24 heures dans les années 1830. Les lettres soulignent surtout la relation qu'entretenaient les deux hommes. En plus d’être un ami des parents de Balzac, Jean Margonne était aussi celui qui lui donnait de l’argent lors des pépins financiers de l’écrivain, qui le logeait gratuitement dans le domaine, et qui le conseillait pour son projet, finalement avorté, d'emménager en Touraine. S’installe alors une relation de confiance entre les deux hommes visible à la lecture de ces trois lettres.
Les trois lettres resteront donc exposées dans le musée Balzac jusqu’au début du mois de janvier 2025 au deuxième étage du château, puis, elles seront conservées en réserve pendant deux ans afin d’éviter la lumière et les rayons UV qui abîment l’encre. Enfin, elles seront présentées alternativement sous trois mois lors d’expositions.
Si les rues de Paris ont été l’inspiration de Balzac dans nombre de ses romans, l’écrivain est également allé puiser son inspiration dans sa vallée natale : la Touraine. En effet, l’auteur du Père Goriot, est né à Tours et, bien qu’il déménage à Paris dans son adolescence, il revient régulièrement en Touraine et notamment chez Jean et Anne Margonne, amis de la famille. Entre 1825 et 1848, le romancier aurait passé pas moins d’une dizaine de séjours dans le domaine où il travaillait ses textes, dont, entre autres, son roman Le Lys dans la Vallée qui s’inspire librement du paysage de la vallée de l’Indre. Et bien que son rythme de travail était dense, on estime qu’il commençait ses journées à deux heures du matin pour les terminer à dix-huit heures, le château de Saché était aussi un endroit de repos pour l’écrivain qui possédait sa propre chambre au château, que les visiteurs du musée peuvent admirer.
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