François Athanase Charette de La Contrie, héros méconnu de l’Histoire de France, est à l’honneur depuis la semaine dernière du film réalisé par Paul Mignot et Vincent Mottez, "Vaincre ou Mourir", première coproduction, avec StudioCanal, du Parc du Puy du Fou. Alors que l'on commémore, cette année, le 230e anniversaire de la guerre de Vendée, quel regard porte le cinéma sur la Révolution?
La Révolution française et ses soubresauts ont donné lieu à quelques grands films. Sélection non exhaustive à travers quelques extraits de bandes originales choisies.
Le premier film du Parc du Puy du Fou, réalisé par Paul Mignot et Vincent Mottez, s’avère une fresque très réussie aux accents d’épopée et de réhabilitation sur un épisode méconnu de l’Histoire de France. A savoir la guerre de Vendée qui se déroula entre mars 1793 et mars 1796 à la mort de Charette, à Nantes, commandant en chef des forces insurrectionnelles vendéennes contre les armées de la République. Hugo Becker incarne un Charette habité très convaincant, entouré de brillants seconds rôles à l’image de Rod Paradot et Constance Gay. On doit la musique, quant à elle, à Nathan Stornetta, jeune compositeur suisse, formé aux côtés du grand Hans Zimmer, qui reprend, ici, la musique du Dernier Panache, le spectacle puyfolais, créé en 2017, dont s’inspire le film. Il en résulte une musique symphonique démonstrative et puissante, jouée par l’Orchestre philarmonique de Prague, dirigé, par Jérôme Kuhn.
L’histoire de Charette rassemble tous les ingrédients d’une grande histoire. Il y a un contexte historique qui est fascinant.
Vincent Mottez, réalisateur
Un film faisait jusque-là référence quant on évoquait la guerre de Vendée. En 1988, "Chouans !" de Philippe De Broca réunit un casting de premier choix composé de Philippe Noiret, Lambert Wilson, Sophie Marceau et Stéphane Freiss. Georges Delerue signe là la dernière bande originale d’un film de Philippe De Broca, ponctuant ainsi une collaboration de près de 30 ans entamée en 1960 avec "Le Farceur". Le compositeur phare d’un autre réalisateur, François Truffaut, écrivait, quatre ans avant de disparaître une bande originale héroïque et pleine de lyrisme pour ce film historique et romanesque prenant pour fil conducteur la guerre de Vendée pour conter le destin d’une famille noble, les Kerfadec, dont les deux fils vont s’entredéchirer pour leurs idéaux avec en filigrane la même passion pour une femme, jouée par Sophie Marceau, recueillie par leur père à la naissance et élevée en même temps qu’eux.
Centré sur l’Histoire avec un point de vue féminin, "Un Peuple et son roi", de Pierre Schoeller racontait en 2018 les derniers feux de la monarchie avant le grand soir révolutionnaire et où on l’on entendait la colère du petit peuple monter des faubourgs et des campagnes. Céline Sallette prête sa voix au personnage de Louise Audu, surnommée la reine des Halles, vendeuse de son état et figure de la Révolution, connue pour avoir participé à la marche des femmes sur Versailles et à la prise des Tuileries que restitue, ici, Pierre Schoeller dans son film Un Peuple et son roi, retraçant les semaines précédant la prise de la Bastille jusqu’à l'exécution de Louis XVI, le 21 janvier 1793. Le musicien et compositeur Philippe Schoeller retrouvait son frère Pierre Schoeller après les films "Versailles" (2008) et "L'Exercice de l'Etat" (2011). On y entend une musique originale pour orchestre ainsi que des chansons d'époque interprétées a capella.
Patrice Leconte réalise avec "Ridicule" un grand film historique en 1996. Il est question d’un petit aristocrate de province, joué par Charles Berling, qui monte à Versailles pour plaider sa cause auprès du roi Louis XVI. Mais le voilà vite confronté à l'esprit railleur, mesquin et hypocrite de la cour. Petit bijou de finesse et de férocité avec des acteurs remarquables, Ridicule dépeint un Ancien Régime qui apparait grotesque et décadent. Mention spéciale à Jean Rochefort et à Bernard Giraudeau, en parfait contre-emploi dans le rôle d’un abbé flagorneur. On doit la musique à Antoine Duhamel, qui un peu plus de vingt après "Que la fête commence", de Bertrand Tavernier, explorait à nouveau la musique de cour, compilée dans une bande originale parue chez Decca à l’époque. Le morceau que nous venons d’entendre était quant à lui interprété par La Grande Ecurie et la Chambre du Roy, dirigés par Jean-Claude Malgoire.
"Le Choeur O Douleur", extrait de "Penthée" est le seul opéra du Régent de France, Philippe d’Orléans, dont il reste des sources, son autre opéra, "Philomèle", ayant été à tout jamais perdu. Composé avec l'aide du surintendant de la musique, Charles-Hubert Gervais, il fut créé officiellement en 1705, mais très probablement donné en privé dès 1703. L'oeuvre suit le modèle de la tragédie lyrique imposé par Lully : cinq actes précédés d'un prologue, favorisant de grands effets scéniques et des divertissements chorégraphiques, prétextes à de brillants ballets. Film que l’on pourrait qualifier de proto révolutionnaire, Que la fête commence, qui se situe sous le règne de Louis XV, donne à Antoine Duhamel l’occasion d’exhumer un répertoire oublié qui pour l’occasion réorchestre et réarrange totalement la musique joué par l’ensemble baroque de La Grande écurie et de la Chambre du Roy.
Dans "Marie-Antoinette", de Sofia Coppola, on peut entendre le Concerto en sol majeur pour cordes et basse continue RV 151, Alla rustica, d’Antonio Vivaldi. Centré sur la figure de la future dernière reine de France, épouse de Louis XVI, Marie-Antoinette offre, en 2012, un film à la bande musicale anachronique. Il dresse le portrait d'une jeune femme libertaire, ivre de robes, de musique, de fêtes et de feux d'artifice, qui se console de ses déboires conjugaux en lisant Jean-Jacques Rousseau dans son Petit Trianon. Prenant le parti pris d’utiliser une musique en total décalage avec l’époque, le film est ainsi ponctué de nombreux morceaux de new wave et pop rock, notamment de groupes anglais comme Bow Wow Wow, New Order, The Cure ou Siouxsie and the Banshees. Mais contient néanmoins quelques morceaux classiques de Scarlatti, Couperin, Vivaldi ou Rameau.
En 1983, le cinéaste polonais Andrzej Wajda s'intéresse à l'histoire de France et à celle de Danton, révolutionnaire qui lutta face à la Terreur de Robespierre et mort guillotiné, le 5 avril 1794. Gérard Depardieu campe à merveille le révolutionnaire jusqu'à se métamorphoser et s'ancrer dans son personnage. Digne d'un film d'horreur (la terreur, l'angoisse qui font écho à ce que les personnages redoutent). La mise en scène est convaincante et la photographie, très belle, tandis que la musique totalement atonale et angoissante de Jean Prodromidès, exécutée par l'Orchestre philharmonique de Varsovie, sous la direction de Jan Pruszak, restitue l’ambiance surréaliste et historique d’une France où l’on coupe les têtes tous les jours en place publique.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !