JavaScript is required

Le livre de la semaine : Hotel Roma de Pierre Adrian

Un article rédigé par Christophe Mory - RCF, le 3 décembre 2024 - Modifié le 5 décembre 2024
L'Actualité littéraireLe livre de la semaine : Hotel Roma de Pierre Adrian

Cette semaine, Christophe Mory nous invite à découvrir Pierre Adrian, et en particulier son dernier livre "Hotel Roma". L'auteur y enquête sur la mort de Cesar Pavese, auteur italien s'étant suicidé dans l'Hotel Roma. En explorant la mort de l'auteur, Pierre Adrian fait de son livre une leçon de vie.

Hotel Roma, un livre de Pierre AdrianHotel Roma, un livre de Pierre Adrian

Nous sommes à Turin, piazza Carlo Felice au nr. 60. C’est là qu’est l’Hôtel Roma. Nous sommes le 27 août 1950. Au troisième étage, chambre 49, le client ne répond pas. Le garçon de chambre, insiste, ouvre la porte. Cesare Pavese est étendu sur le lit, habillé, déchaussé, on dirait qu’il dort. Sur la première page des Dialogues avec Leuco, son livre préféré, il avait écrit : « Je pardonne à tous et à tous je demande pardon. Ça va ? Pas trop de bavardages ». « Pavese mourut en pleine ville, à l’écart, en secret, comme le font les bêtes quand elles en ont assez de vivre », écrit Pierre Adrian. Cesare Pavese avait 41 ans. Écrivain incontournable de l’Italie d’après-guerre, il était un traducteur et un directeur de collection pour Einaudi, le grand éditeur. Aussi, le sujet du livre est-il une enquête : « Je choisissais désormais d’enquêter sérieusement sur le dernier été de Pavese, depuis la réception du Prix Strega (le Goncourt italien) jusqu’au matin de l’Hôtel Roma », écrit-il. 

Pourquoi Cesar Pavese se suicide-t-il ?

C’est ce que cherche Pierre Adrian. Certes, il y a un point commun avec ceux que vous venez d’évoquer, c’est à un moment donné la fin de l’écriture. N’y arrivant plus, ils tirent leur révérence. Je cite Pierre Adrian : « Le suicide de Pavese était entré dans la mythologie des morts sensationnelles. Il y avait tout. Une chambre d’hôtel, un journal intime rempli d’indices, un mot d’adieu spectaculaire et banal à la fois, abandonné sur la première page d’un livre aimé. Son suicide pouvait même être interprété comme un acte littéraire ou une dernière performance poétique ». Et auparavant, Adrian est clair : « Il en avait fini avec la littérature et donc avec la vie »

Solitude. « C’est la raison pour laquelle ceux qui souffrent finissent seuls ; la souffrance est un sentiment qui se lit mais ne se partage pas » écrit Pierre Adrian. Pavese avait écrit : « être seul nuit et jour comme un mort ». Cette solitude venait d’un manque d’amour : « il fallait comprendre la détresse d’un homme à qui personne n’avait jamais dit « je t’aime ». (…) Désormais, il trouvait que la vie était une chose merveilleuse mais il en était définitivement coupé. (…) Et plus loin : « Plus brutale encore était cette soif d’amour jamais étanchée ». L’absence d’amour, n’est-ce pas la définition de l’enfer ? La solitude n’est pas supportable, il fallait y mettre un terme. Vous comprenez que le geste de Pavese n’est pas philosophique comme Sénèque ou esthétique comme Montherlant mais bien le geste d’un homme à bout de souffle, asphyxié par la solitude. 

L'auteur, Pierre Adrian

J'ai reçu Pierre Adrian il y a deux ans pour un formidable roman qui s’appelle « Que reviennent ceux qui sont loin », roman sur les vacances familiales en Bretagne, qui a reçu le Grand Prix Michel Déon et le Prix Jean René Huguenin. Roman que vous trouverez désormais en poche folio chez Gallimard, et que je vous recommande. Pierre Adrian est un jeune auteur qui vit à Rome. Et quel style ! Écoutez plutôt : « A la fin de l’automne, Turin semblait cernée par les incendies. Les arbres venaient tremper leur chevelure cramoisie dans le Pô : un sang roux coulait depuis les collines ». 

Un auteur à suivre, donc. Et permettez-moi de conclure par une phrase clef de cet Hôtel Roma : « Cesare Pavese est mort pour que nous apprenions à vivre ». Cela mérite de le lire. 

Émission L'Actualité littéraire © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
L'Actualité littéraire
Émission L'Actualité littéraire © RCF
Cet article vous a plu ?
partager le lien ...
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.

RCF
toujours dans
ma poche !
Téléchargez l'app RCF
Google PlayApp Store
logo RCFv2.14.0 (21796db) - ©2024 RCF Radio. Tous droits réservés. Images non libres de droits.