Habituellement, une exposition monographique est consacrée aux oeuvres d’un seul artiste, peintre, sculpteur ou photographe. Celle-ci a de particulier qu’elle rassemble de nombreux auteurs, en l’occurence des photographes.
La dimension monographique tient au fait que toutes ces photos sont consacrées à la même personne. Elle s’appelait Lisa Fonssagrives-Penn.
Elle fut la plus célèbre des mannequins de haute couture depuis les années 1930 jusqu’à la fin des années 1950. Les plus grands photographes de mode l’ont immortalisée pour Vogue, Harper’s Bazaar ou Vanity Fair. Lisa Fonssagrives-Penn conservait des tirages originaux de ces superbes clichés. Son fils, Tom Penn, a récemment offert une grande partie de cette collection à la Maison européenne de la photographie, à Paris qui organise pour marquer l’événement une exposition très originale.
Lisa Anderson naquit en Suède en 1911 dans une famille d’amateurs d’art. Elle étudia la danse et ce fut une grande passion de sa vie. Elle a dit un jour : « Toute mon expérience est liée à la danse. J’ai commencé par la danse, je m’y suis projetée totalement. Mannequin, je considérais mes poses comme des mouvements de danse arrêtés. » Fin de citation. De fait, elle avait un maintien très particulier qui fascinait les photographes.
Au début des années 1930, elle vient en France pour pratiquer son art et fait la connaissance d’un professeur de danse, Fernand Fonssagrives. Elle l’épouse en 1935 et commence à cette époque à faire quelques photos de mode. En 1936, son mari se blesse et doit renoncer à danser. Lisa lui offre un appareil de photo. Il devient photographe de mode et sa femme son modèle privilégié.
Au tout début de la seconde guerre mondiale, elle s’installe aux États-Unis et devient une habituée du magazine Vogue. Elle en fera la couverture environ 200 fois. C’est ainsi qu’elle rencontre le photographe Irving Penn qui deviendra son second mari. Après avoir mis fin à sa carrière de mannequin, elle créa elle-même des vêtements puis se consacra à la sculpture. Elle est décédée en 1992. Cette femme d’une élégance extrême avait beaucoup d’humour. Elle disait : « C'est la robe qui importe. je ne suis qu'un bon cintre. »
Elle prouve que la photographie de mode a beaucoup contribué au développement de l’art photographique. Il y a une extraordinaire qualité des cadrages, de la lumière et aussi des tirages, noir et blanc pour la plupart mais aussi en couleurs. Les photos de Fernand Fonssagrives sont touchantes car il porte un regard amoureux sur sa femme, par exemple lorsqu’il la saisit dans un incroyable bond de danseuse sur une plage.
Beaucoup d’images sont prises en studio, signées de très grands noms comme Horst P. Horst, George Hoyningen-Huene, George Platt Lynes, Erwin Blumenfeld ou Richard Avedon. Beaucoup d’hommes donc mais aussi des femmes, pionnières dans ce domaine : Frances McLaughlin-Gill ou Louise Dahl-Wolfe. Et puis il y a les photos d’Irving Penn, son second mari qui fut l’un des plus grands photographes du XXe siècle. La complicité qui émane de ces images en fait une véritable co-création. Lisa Fonssagrive.
Une exposition à retrouvée jusqu'au 26 mai, à la Maison européenne de la photographie, à Paris.
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