Le 31 janvier 2023, le jury du prix Croire au cinéma dévoilera le film élu pour ses qualités artistiques et les valeurs qu’il met en lumière. Pour le moment, le comité a sélectionné huit long-métrages. Partenaire du prix, RCF a voulu comprendre pourquoi ils avaient été choisis. 2023 marque la troisième édition de Croire au cinéma, qui se concentre cette année sur des films sortis entre le 1er décembre 2021 et le 30 novembre 2022.
"On a besoin d’aller au cinéma, et les cinémas ont besoin de nous". Pour Pierre-Olivier Boiton, journaliste à La Croix L’hebdo et membre du comité de sélection du prix, rien ne peut remplacer les salles de cinéma, "ces lieux de contemplation qui peuvent nous élever". Anne-Claire de Gaujac, présidente du ciné-club CIN’AZUR Nice et membre du comité de sélection, ajoute que la salle offre la certitude de voir le film du début à la fin, que c’est une expérience collective à partager. Et à Magali Van Reeth, journaliste de cinéma pour SIGNIS et membre du comité de sélection du prix, d’ajouter que le cinéma est une expérience unique : "on sent des émotions en même temps que d’autres, on sort du film et on en parle".
L’année 2022 marque le retour du public français dans les salles, avec plus de 150 millions d’entrées cumulées. Avatar II y est pour quelque chose, puisque le film a cumulé plus de dix millions d’entrées en cinq semaines. Les intervenants rappellent qu’en achetant un billet pour Avatar, on aide le cinéma d’art et d’essai. Loin des blockbusters américains, il y a les films plus humbles, indépendants, qui questionnent sur les préoccupations contemporaines. C’est l’essence même du prix Croire au cinéma que de s’intéresser à ces long-métrages-là. "Ce cinéma ouvre une fenêtre sur le monde, c’est un miroir que l’on tend à la société dans laquelle on vit", souligne Magali Van Reeth. Depuis la salle de cinéma, on voyage, dans le temps comme dans l’espace.
Le prix Croire au cinéma s’impose ainsi comme une profession de foi du 7ème art. Créé en 2021 par l’association Signis-Cinéma, il distingue un film parmi tous ceux distribués en France l’année précédente. Les artisans de ce prix ont la conviction que le cinéma peut changer nos vies. Les huit films sélectionnés ont en tous cas le pouvoir de raconter le monde, ou plutôt les mondes. Du Japon de demain à la Lettonie d'hier en passant par les hautes montagnes de l’Himalaya, les réalisateurs invitent au voyage et à la réflexion.
Dans My favorite war, Ilze Burkovska Jacobsen raconte son enfance en Lettonie pendant l’URSS, en utilisant différents matériaux. Elle mêle film d’animations, archives, photos et prises de vue réelles avec une grande liberté, qui parvient à toucher les enfants et les adultes. Pierre-Olivier Boiton y voit la quête d’émancipation d’un pays, une quête tristement actuelle.
Iciar Bollain signe avec Les repentis un film inspiré de faits réels sur le pardon. Maixabel Lasa a perdu son mari dans un attentat de l’ETA en 2000. Douze ans plus tard, elle accepte de rencontrer les terroristes qui ont tué son époux. Un film choisi pour la force de la parole, qui permet de "penser et panser les clés, d’ouvrir un espace de vie", explique Anne-Claire de Gaujac.
Dans Un autre monde, Stéphane Brizé imagine le quotidien d’un cadre d’entreprise obligé de licencier des employés. C’est un film social qui dresse une critique du monde économique. "Il n’épargne personne", souligne Magali Van Reeth, avant d’ajouter que le long métrage montre la difficulté d’être soi-même dans la société. "C’est un film dur et qui peut paraître sombre et étouffant, mais avec une touche d’espoir", explique Pierre-Olivier Boiton.
Le fonctionnement de la police judiciaire est peu connu et semble inaccessible. Pour y remédier, Dominik Moll suit une brigade de la PJ dans La nuit du 12. Il y montre l’humanité des policiers dans leur travail, leurs faiblesses et leur ténacité. Le film dénonce les violences faites aux femmes, dans la quête d’une société plus juste.
Le japonais Chie Hayakawa invite à une réflexion sur la vieillesse dans Plan 75. Dans un futur proche, le gouvernement propose aux personnes de plus de 75 ans un accompagnement vers la mort, en échange d’un chèque. Le réalisateur dresse l’éloge de la lenteur et témoigne de l’importance de la rencontre avec l’autre.
L’éloge de la lenteur se perçoit aussi dans La panthère des neiges, de Vincent Munier et Marie Amiguet. Le film vante l’attente, la nature, l’humilité face aux montagnes de l’Himalaya. Adapté du roman de Sylvain Tesson, ce documentaire d’une "vivifiante spiritualité" interroge la façon dont l’homme s’inscrit dans le monde.
Les promesses d'Hasan, de Semih Kaplanoğlu, suit un homme qui prépare son pèlerinage à la Mecque. Avant son départ, cet arboriculteur turc doit régler quelques problèmes, vivant son départ pour la Mecque comme une démarche spirituelle. Il fait une relecture de ses actions passées. Le réalisateur mêle différents regards, sur les paysages comme sur les failles des hommes.
Gad Elmaleh a marqué 2022 avec son film Reste un peu. Ce docu-fiction a touché le jury pour son "extrême sincérité", son "étonnante alchimie entre la gravité du propos et des touches d’humour bien placées". L’acteur y joue son propre rôle, attiré par la religion catholique malgré l’éducation juive qu’il a reçue.
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