Cette semaine sort en salles le film "L'Établi", une belle reconstitution historique sur le monde ouvrier avant Mai 68. Quant au film familial par excellence "Les Trois Mousquetaires", il sort juste avant le début des vacances scolaires...
Un film revient cette semaine sur la période juste avant Mai 68, où des intellectuels, militants d'extrême gauche, ont imaginé prôner la révolution au cœur même du monde ouvrier, en infiltrant directement les usines. C'est "L'Établi", de Mathias Gokalp. C’est comme ça qu’on les appelait puisqu’ils s’établissaient dans les usines. Et le film relate l’expérience connue de Robert Linhart, normalien, professeur de philosophie à Paris, qui a quitté l’université à l’époque pour se faire engager comme OS dans les ateliers Citroën de Choisy.
Ils ont été quelques centaines comme lui, principalement issus du milieu bourgeois, à vouloir soulever la classe ouvrière "de l’intérieur". C’étaient des nostalgiques du "grand soir". Linhart lui-même était devenu maoïste après un voyage en Chine en 1967. Il est interprété dans le film par Swann Arlaud qui est habité par le personnage.
Le livre éponyme écrit par Linhart dix ans plus tard est devenu une référence à la fois littéraire et sociologique. Le film nous offre aussi une belle reconstitution historique. L’action se passe au sein d’une chaîne d’assemblage de 2CVs, c’est un univers mythique aujourd’hui et au pouvoir évocateur fort.
Le monde de l’entreprise est un univers que Mathias Gokalp avait déjà exploré dans son premier long-métrage, "Rien de personnel", sorti en 2009, avec Darroussin. Il évoquait sous forme de farce et de manière cruelle, le cynisme qui pouvait s’y déployer. Ici il remonte le temps, il y a plus une dimension de témoignage historique. Et c’est pour le réalisateur l’occasion de s’interroger sur la notion de classe ouvrière. Qu’est-ce qui fédère les ouvriers entre eux ? Pour Linhart le constat va être amer et son idéal révolutionnaire va tourner court.
Face à lui, Olivier gourmet joue le rôle d'un prêtre ouvrier, syndicaliste dans l'usine. Même si c’est une expérience qui a fait long feu aujourd’hui, pour le prêtre c’est le sens du collectif et la défense des plus faibles qui motivent son action, quand Linhart est plus proche d’une utopie intellectuelle, déconnectée de toute réalité.
Le film aborde aussi la question de l'imposture. Sans vouloir cacher d’où il vient, Linhart ne révèle son origine sociale que tardivement, générant beaucoup d’incompréhension voire un sentiment de trahison de la part de ses collègues. Et enfin le rôle de sa femme, jouée par Mélanie Thierry, donne une dimension intime et personnelle au film, sachant que Linhart ne s’en remettra jamais tout à fait.
Autre film qu'on ne peut rater cette semaine, la nouvelle adaptation du chef d'œuvre d'Alexandre Dumas "Les Trois Mousquetaires", avec Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmaï et François Civil. Il y avait plus de soixante ans que le livre n’avait pas été adapté au cinéma en France. La dernière
version sur grand écran date de 1961. Elle était signée Bernard Borderie, avec Georges Descrières dans le rôle d’Athos. C’est Martin Bourboulon, le réalisateur de du film "Eiffel" qui reprend le flambeau.
On peut se réjouir d’une nouvelle veine de cinéma familial de qualité qui allie aventures, romanesque et action. Les décors et les costumes sont somptueux. Le réalisateur n’a pas voulu d’un film d’époque trop marqué mais a gardé l’esprit du roman. Et Louis Garrel incarne un Louis XIII exceptionnel. Les vacances commencent c’est le film familial par excellence ! La suite, "Milady", est déjà prévue pour le 13 décembre prochain.
Le mercredi c'est le jour où sortent les nouveaux films au cinéma. C'est aussi le jour pour écouter, à 8h45, La Chronique cinéma de Valérie de Marnhac !
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