Ce mercredi sort en salles le film "Le Jeune imam", entre drame familial, documentaire et film à suspense. À voir également, le biopic "Hokusai", un vrai dépaysement dans le Japon du XVIIIe siècle.
Parmi les nouveautés de la semaine, j'ai vu "Le jeune imam", de Kim Chapiron, sur un scénario inspiré d'une histoire vraie. Le jeune Ali vit en banlieue parisienne avec ses deux sœurs et sa mère qui les élève seule. Quand il commence à déraper à l’adolescence et à commettre un premier vol, elle l’envoie sans ménagement au village, au Mali, et le confie à un oncle qui va parfaire son éducation religieuse pendant 10 ans. Quand il revient, c’est un jeune homme posé, sage, instruit et se met à transmettre ce qu’il a appris. Il a entre autres un vrai talent de psalmodiste (il chante avec foi les versets du Coran) et il prône un islam modéré et ouvert qui séduit les jeunes de sa cité. Le vieil imam en place lui propose alors de prendre sa suite mais sa mère plus réservée sur le projet.
Le film tisse plusieurs récits à la fois, dont le plus juste et le plus émouvant évoque les rapports entre cette mère aimante mais inquiète, qui veut le meilleur pour son fils. Et le besoin de reconnaissance d’Ali qui a vécu son séjour forcé au Mali comme un abandon maternel, et qui cherche à lui plaire à tout prix. Elle (Madame Diallo) est jouée par une actrice qu’on découvre, Hady Berthe. Elle campe un magnifique personnage de mère courage qui nous touche au cœur.
L’interprète d’Ali est aussi un nouveau venu au cinéma, c’est Abdulah Sissoko et il est très juste en jeune homme doux et charismatique, dont on peine à déceler les sentiments et les motivations profondes. Il devient ensuite une star des réseaux sociaux et se lance dans un projet d'agence de voyage. Son succès le galvanise et il pense avoir trouver le moyen idéal pour permettre aux habitants du quartier de réaliser leur hajj, le pèlerinage à La Mecque. Le film prend alors un petit côté de thriller... sans vous en dire plus.
C’est le défaut du film, il ne choisit pas vraiment son propos. Entre un drame familial, un film quasi documentaire et un film à suspense tiré de faits réels. Reste un beau casting dont Issaka Sawadogo dans un petit rôle ici (il joue l’oncle au Mali) mais dont je vous reparlerai la semaine prochaine pour un premier long-métrage de fiction où il campe un détenu en prison d’une dignité absolument bouleversante.
Autre sortie en salles cette semaine, "Hokusai", de Hajime Hashimoto. Il évoque la longue vie et le somptueux travail du maître de l’estampe japonaise, le créateur de ce qui est devenu quasiment l’emblème du Japon, La Grande Vague de Kanagawa, une des 36 vues du mont Fuji.
Le film est une belle reconstitution du Japon de l’époque et de Edo (l’ancien nom de Tokyo). Il est construit en quatre chapitres, et quatre saisons qui vont de la jeunesse du peintre jusqu’à sa mort. D’abord un jeune homme de 20 ans que le réalisateur a imaginé au caractère fougueux et jaloux du talent des autres puis un homme mûr, devenu sage, qui a consacré sa vie à son art et à la recherche de la perfection. Il a laissé plus de 30.000 dessins et les séquences qui montrent son geste artistique en train de se faire sont somptueuses. On découvre les techniques ancestrales de peinture, de gravure, de sérigraphies, magnifiquement filmées en gros plans, de manière très sensuelle. Et le film est un vrai dépaysement dans le Japon du Shogunat au XVIIIe siècle.
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