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Comment vivre dans une France à + 4 °C ?

Comment vivre dans une France à + 4 °C ?

Un article rédigé par Clara Astratoff, Stéphanie Gallet, Melchior Gormand - RCF, le 15 avril 2025 - Modifié le 16 avril 2025
Je pense donc j'agis Comment vivre dans une France à +4 degrés ?

Le 10 mars dernier, Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la transition écologique, présentait le Plan national d’adaptation au changement climatique. Une stratégie lancée il y a deux ans et censée préparer notre pays à un réchauffement de quatre degrés, d’ici la fin du siècle. Comment lutter contre le réchauffement climatique ? Comment apprendre à vivre avec ? Une émission Je pense donc j’agis présentée par Stéphanie Gallet et Melchior Gormand.

Comment vivre dans une France à +4 degrés ? © wirestock / FreepikComment vivre dans une France à +4 degrés ? © wirestock / Freepik

Une France avec quatre degrés de plus en moyenne, c’est ce qui nous attend dans le futur, selon les experts du GIEC. Symptôme du réchauffement climatique, cette augmentation de la température va avoir des conséquences directes sur notre mode de vie. Nos façons de travailler, d’habiter, de nous déplacer, ou encore nos loisirs, vont devoir évoluer et s’adapter.

Un dérèglement climatique irréversible aux nombreuses conséquences

La lutte contre le changement climatique n’a pas porté ses fruits. Le réchauffement climatique ne cesse de s’aggraver, comme le rappelle le rapport Copernicus sur l’état du climat européen en 2024, publié mardi 15 avril. Dans son livre S’adapter au changement climatique, publié aux éditions Tana, l’ingénieur en résilience climatique, et membre du conseil scientifique de l’Institut Rousseau, Ilian Moundib, écrit : on ne traverse pas une crise, on est dans un dérèglement. Pour lui, la notion de crise n’est pas pertinente. “Dans la définition d'Edgar Morin, une crise c’est passager, on va en guérir. Mais dans le cas de changement climatique, c’est une dynamique irréversible. Même si on arrive à ne plus émettre d’effets de serre, rien ne garantit qu'on s'arrêtera à plus quatre degrés”, explique-t-il. Pour Alexandre Boisson, expert en résilience territoriale, fondateur de SOS Maires et auteur de Face à l’effondrement, si j’étais maire publié aux éditions Le souffle d’or, le terme effondrement est approprié. “Il y a une peur que tout s’effondre. Des constats sont faits par les scientifiques, mais ça n’embarque pas les gens. L'urgence, c’est de sortir du film “Don’t look up”, arrêter de juste regarder et de commenter ce qui se passe. Si on aime nos enfants, il faut se demander ce que l’on fait”.

 

On ne traverse pas une crise, on est dans un dérèglement

 

Les conséquences dévoilées de cet effondrement ou dérèglement climatique sont alarmantes. Une France avec quatre degrés de plus, c’est une France avec trois saisons supplémentaires. “C’est la France du trop chaud, une saison qui va se greffer à la période estivale, où on aura des canicules comme en 2003 de plus en plus longues”, explique Ilian Moundib. Des chaleurs étouffantes qui vont impacter les modes d’habitation, avec des villes qui vont se transformer en radiateurs, ainsi qu'une accélération du cycle de l’eau. “Cette première saison, et ses problèmes, va entraîner une deuxième saison, qui est la France du trop sec. On va avoir tout le pourtour méditerranéen, la Bretagne et notamment tout ce qui est proche de l’Espagne, qui auront beaucoup moins d’eau, de précipitations et de débits”, complète l’ingénieur en résilience climatique. Un manque d’eau qui va impacter toute la production agricole. “La dernière saison, c'est que toute cette eau, qui aura été évaporée pendant la période estivale, va retomber d’un coup, plutôt sur le nord et l’est de notre pays”, finit le membre du conseil scientifique de l’Institut Rousseau. Il sera donc nécessaire de gérer, à la fois, du trop chaud et du trop sec en été, mais aussi trop d’eau en automne et en hiver.

 

Si on aime nos enfants, il faut se demander ce que l’on fait.

 

Ces impacts climatiques ont des conséquences sociales. La négligence devant ces changements climatiques risque de toucher directement les Français. “La première des choses, c’est rendre assurable l’avenir. Aujourd’hui, il y a une inassurabilité des communes. Si on continue à construire des bâtiments en bord de mer, qui va porter le coût si le modèle assurantiel ne peut plus se faire ? À cause de ces négligences, il va falloir reloger les gens et payer pour les dégâts, c’est le contribuable français qui va payer”, estime Alexandre Boisson.

Comment agir face à ces changements ?

L'engagement écologique, ainsi que les actions individuelles, sont un des pans nécessaires à la lutte contre le changement climatique.L’engagement, c’est essentiel. Il faut savoir ce que l’on veut, il est nécessaire que les gens puissent comprendre l'intérêt de faire des gestes écologiques. Souvent, il y a des discours trop durs pour les comprendre, mais ils doivent être à la portée de tous, pour que les gens s’engagent”, estime Alexandre Boisson. Il convient de trouver les moyens de mettre en action, et de faire société ensemble. Selon le fondateur de SOS Maires, “aujourd'hui il y a des gens qui sont considérés en marge de la société. Des novateurs écologiques, des jeunes et leurs éco-lieux, mais aussi des collectifs, qu’il faudrait écouter pour l’avenir. On ne leur tend pas la main, alors qu‘il est temps qu’on les entende, car ils savent faire société différemment.

 

Il est nécessaire d’anticiper la protection des populations et de rendre assurable des communes.

 

Les effets des actes du bas restent minimes, s’ils ne sont pas accompagnés d’actions des gouvernements et de communes. “Les êtres humains sont des produits sociétaux. Si le paradigme dominant, si les institutions dominantes de notre société sont des institutions de la compétitivité, on va avoir des réflexes de compétition. Au contraire, si on arrive à mettre en place au niveau politique et local des institutions de l’entraide, l’entraide va prédominer au moment de la pénurie et de la crise”, développe Ilian Moundib. Les actions se font majoritairement au niveau local, comme des politiques de la ville, des transports plus écologiques, la création de forêts mosaïques, la renaturation de cours d’eau. Patrick, auditeur de l’émission, témoigne avoir “l’impression que l’écologie passe au dernier plan pour le gouvernement, qu’il y a une autodestruction de l'être humain par l'être humain”.

 

Les êtres humains sont des produits sociétaux. Si le paradigme dominant, si les institutions dominantes de notre sociétaux sont des institutions de la compétitivité, on va avoir des réflexes de compétition.

 

Créer des institutions de l'entraide, c'est l’idée développée par Ilian Moundib. “On a beaucoup de mal à imaginer ces institutions. Elles peuvent être sous forme d’éco-lieux. Mais aussi sous la même forme que cette institution de l’entraide, la sécurité sociale de l'alimentation. Une dynamique où chacun paye selon ses moyens, et reçoit selon ses besoins. L’idée est de généraliser cette sécurité sociale pour se préparer aux changements climatiques”, explique-t-il. Le manque de planification écologique, mais aussi d’anticipation pose des problèmes. “Il est nécessaire d’anticiper la protection des populations et de rendre assurables des communes. Il y a souvent eu des négligences qui sont à combattre. Comme dans des catastrophes où on n’a encore pas assez de groupes électrogènes. Il faut remettre à niveau cette culture du risque”, exprime Alexandre Boisson. 

Pour Ilian Moundib, il faut orienter l'économie vers des activités, que l’on sait plus prospères. “Il y a une adaptation en cours, mais c’est une adaptation de la pire des manières. Lorsqu’il y a des aléas climatiques graves, comme plus d’eau ou plus de neige, les acteurs vont taper à la porte des pouvoirs publics et vont obtenir des subventions pour déployer une forme de mal adaptation systémique. Comme les canons à neige dans les stations de ski, parce que ces territoires sont extrêmement dépendants. Donc si on ne départit pas ces territoires de ces activités qui vont mourir, on entraîne tout le pays dans la chute”, développe-t-il.

© RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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