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Écologie et pauvreté, quand la sobriété n'est pas un choix

Un article rédigé par Jeanne d'Anglejan - RCF, le 30 novembre 2022 - Modifié le 1 décembre 2022
Où va la vie ? La bioéthique en podcastLa bioéthique face aux défis écologiques (2/3) Écologie et pauvreté, quand la sobriété n'est pas un choix

Il est beaucoup question de sobriété aujourd'hui, dans le cadre de la transition écologique. Mais dans notre société, 10 millions de personnes vivent à la limite du seuil de pauvreté. Quand on est dans la précarité, on ne parle plus de prendre sur les moyens de transport, de changer de mode d'habitat ou de consommation alimentaire. Comment le discours écologique est-il audible pour les plus défavorisés d'entre nous ? 

Des militantes lors d'une manifestation contre la vie chère et l'inaction climatique, à Paris, en novembre 2022. © Xose Bouzas / Hans LucasDes militantes lors d'une manifestation contre la vie chère et l'inaction climatique, à Paris, en novembre 2022. © Xose Bouzas / Hans Lucas

Une sobriété heureuse parfois imposée

 

La frontière entre se faire gardien de la création ou en être le maître est poreuse. Celle entre la sobriété heureuse et la sobriété imposée l’est un peu moins. En France, dix millions de personnes sont précaires. Pour Dominique Lang, prêtre et journaliste au magazine Le Pèlerin, on fait peser sur les épaules des plus défavorisés quelque chose dont ils ne sont pas responsables. Les personnes précaires subissent cette sobriété, davantage vécue comme une manière de survivre que comme un choix éthique. "Dans un système où les inégalités persistent, ça n’a rien d’étonnant", ajoute le journaliste.

 

Aujourd’hui, ce qui questionne, c’est que la génération actuelle n’est pas sûre de vivre mieux que celle de ses parents. "Ça renverse la perspective : les générations à venir ne veulent pas d’une sobriété malheureuse", explique Dominique Lang. En Inde ou en Chine, les jeunes générations ont vu leurs conditions de vie s’améliorer et leur pouvoir d’achat augmenter. Ces avancées se font pourtant au détriment d’une classe "ultra pauvre" qui subit la pollution des villes. Encore une fois, et pour citer le pape François, tout est lié.

 

L'écologie, un problème d'argent ? 

 

Ces inégalités vont bien au-delà des frontières. Les choix de vie et de consommation faits par les Occidentaux ont des répercussions dans les autres pays du monde, explique Dominique Coatanea, maîtresse de conférence et docteure en théologie. Elle est notamment présidente de l’Atem, association de théologiens et théologiennes pour l'étude de la morale.

 

Dans son encyclique Laudato Si', le pape François pointe du doigt le défi éducatif d’éclairer les consciences. Le philosophe Bruno Latour, récemment décédé, soulignait "l’insensibilité" produite par notre système. En masquant les chaines de production et en aveuglant les plus aisés sur leurs modes de consommation, le système pousse à un "effondrement". Et face à cela, dans les grandes écoles, on voit quelques "déserteurs" qui quittent le système. Dominique Lang se dit fasciné par ces jeunes qui soulèvent des questions de fond que "l’on devrait tous se poser". 

 

"Dans la pensée sociale de l'Église, on doit œuvrer à une politique du bien commun", ajoute Dominique Coatanea. Et les gouvernements se doivent d’opter pour une dynamique de répartition des biens et des richesses. "C’est le cœur même de la vie politique" ajoute la théologienne. Les citoyens, de leur côté, consentent à un changement de leurs modes de consommation et à une conversation politique devenue indispensable. Dominique Lang ajoute que "notre démocratie est fatiguée", que le réflexe identitaire du repli sur soi est très voire trop puissant. Le pape invite lui aussi les citoyens à discuter et à changer : "c’est vous les acteurs du politique". 

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Où va la vie ? La bioéthique en podcast
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