L’accord conclu à la fin de la COP 28 le 13 décembre dernier a été salué comme historique. Pour Théo Moy, c’est ignorer que le sujet du climat ne se satisfait pas des arrangements et des demi-mesures de la diplomatie.
Mercredi 13 décembre au matin, fumée blanche à Dubaï. Après une dernière nuit de négociation, un accord a été signé. Les pays du monde entier réunis pour la COP 28 s’accordent sur l’idée d’une « transition » hors des énergies fossiles, responsables du réchauffement climatique.
Il s’agit d’une décision « historique », salue le Sultan Al-Jaber, président de cette COP et PDG de la compagnie nationale pétrolière émiratie.
« Je ne pensais pas que nous aurions un accord de cette ampleur, pour être honnête... », réagit de son côté l’américain John Kerry.
« C'était inespéré », dit encore un négociateur européen à l’AFP.
Mais une fois passé le moment des déclarations, les journalistes et experts qui se plongent dans l’accord se montrent bien moins enthousiastes. Car si le principe d’une transition hors des énergies fossiles est bien évoqué, c’est pour éviter de parler d’une sortie, et surtout sans agenda et objectif précis.
Pire, l’accord promeut des solutions qui n’en sont pas. Il insiste ainsi sur les technologies de captage et de stockage du carbone, qui sont couteuses, encore peu maitrisées, très incertaines.
Surtout, la promesse du déploiement de telles technologies est un puissant levier pour ralentir le seul objectif dont on est sûr du résultat : la diminution des énergies fossiles.
L’accord fait aussi du gaz fossile une énergie de transition, et n’a pas permis d’avancer sur la question du financement de la réduction des émissions des pays du sud.
Ils se sont réjouis d’un accord diplomatique, mais pas d’une bonne nouvelle pour le climat. C’est toute l’ambiguïté de ces grands raouts mondiaux. Confrontés aux pays producteurs de pétrole et aux géants chinois et américains, les pays les plus ambitieux déploient des trésors de diplomatie pour avancer point par point.
Parvenir à un consensus en faisant avancer à petits pas ceux qui restent des ennemis de la cause climatique peut donc leur sembler une réussite. Mais cette vision très diplomatique de la situation ignore la réalité du sujet dont il est question : le climat.
Les petites victoires sont dérisoires lorsqu’il est question de maintenir des conditions d’habitabilité pour nous et nos descendants et l’ensemble des êtres vivants.
Le véritable bilan de la COP, c’est que l’objectif de rester dans la trajectoire d’un réchauffement à 1,5° à horizon 2050 demeure complètement inatteignable.
Nous ne pouvons plus attendre. Sur les 195 pays représentés à Dubaï, 130 étaient favorables à un accord plus contraignant.
Il faut qu’ils s’organisent entre eux, et montrent la voie vers une société sobre et conviviale.
Il nous restera à espérer que la force de l’exemple, du témoignage, pousserons les plus réticents à nous suivre. Car l’écologie est moins une affaire de diplomatie que de conversion.
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