La 4 octobre 2023, le pape François a publié le texte "Laudate Deum". À quelques semaines de la COP28 qui aura lieu à Dubaï en décembre, cette exhortation apostolique s’inscrit dans la droite ligne de l’encyclique "Laudato Si'", publiée en 2015. Pour Xavier de Bénazé, jésuite et délégué Laudato Si' - Écologie de la Province d'Europe occidentale francophone jésuite, cette exhortation est l'appel d'un pape inquiet face à l'accélération du réchauffement climatique et à l'aveuglement persistant des grandes puissances.
"La réalité est qu’un faible pourcentage des plus riches de la planète pollue plus que les 50% plus pauvres de la population mondiale, et que les émissions par habitant des pays les plus riches sont très supérieures à celles des papys les plus pauvres." Ces mots extraits de la nouvelle exhortation apostolique du pape François, "Laudate Deum" font dire à certains observateurs que ce texte est éminemment politique. "C’est vrai, estime le jésuite Xavier de Bénazé. François n’y va pas avec le dos de la cuillère et il utilise des mots très forts comme dans le paragraphe 53."
Dans ce passage, parlant de l’échec annoncé de la COP28, le pape écrit : "Dire qu’il n’y a rien à espérer serait un acte suicidaire…" À plusieurs reprises au fil du texte, il interpelle les grandes puissances pour qu’elles prennent des décisions justes et courageuses et qu’elles pensent plus au bien commun qu’à leurs profits. Et le pape de rappeler que les plus pauvres paieront une fois de plus le prix fort si l’on ne fait rien face au réchauffement climatique. Mais cette nouvelle exhortation est aussi un texte qui invite à l’action.
→ "Laudate Deum" : téléchargez la nouvelle exhortation apostolique du pape François
"Les solutions les plus efficaces ne viendront pas seulement d’efforts individuels mais avant tout des grandes décisions de politiques nationales et internationales", écrit François. "Cela ne veut pas dire que chacune d’entre nous n’a pas une responsabilité personnelle", précise Xavier de Bénazé, reprenant les mots du pape : "Il n’y a pas de changement durable sans changement culturel et il n’y a pas de changement culturel sans changement chez les personnes." Les choses sont claires : si François ne revient pas sur les gestes du quotidien que nous pouvons poser et qu’il avait détaillés dans Laudato Si', il nous renvoie à notre responsabilité qui relève de notre liberté et de notre dignité.
Et lorsqu’on demande à Xavier de Bénazé le sens et l’impact de ces petits gestes face à la résistance des grandes firmes et des pays les plus pollueurs, la réponse fuse : "Ce n’est pas une raison pour s’en satisfaire ! Il y une conversion personnelle à opérer. Ce que je peux faire, je dois le faire. L’espérance chrétienne, ce n’est pas de croire qu’à la fin, tout va bien se passer, ajoute-t-il. Dieu ne résoudra pas le problème d’un coup de baguette magique. L’espérance chrétienne c’est de croire que le Christ est mort et ressuscité et que cela nous ouvre une promesse de vie dans l’amour de Dieu. Et quand j’agis par amour, je vis déjà de l’amour de Dieu et de la communion avec Lui. Je peux m’engager et être dans l’espérance parce qu’en aimant, je suis déjà dans la paix et dans la joie." Pourquoi aller travailler à vélo quand on sait le nombre de voitures vendues chaque année en Chine ou sur le contiennent africain ? « Certainement pas pour obtenir rapidement un résultat ajoute le jeune jésuite, mais parce qu’aujourd’hui pour moi, c’est la manière juste et aimante d’agir. En cela, je vis ma vocation de disciple du Christ. »
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On entend ou on lit régulièrement dans les médias qu’il est trop tard et que la catastrophe écologique est déjà là. Alors comment garder l’espérance ? "Il n’est jamais trop tard pour bien agir répond Xavier de Bénazé. Au-delà du contexte climatique, il s’agit de vivre d’une manière juste et aimante. Elle est là l’espérance pour un chrétien. Ça vaut toujours le coup d’aimer, et ça a le goût de la vie éternelle, alors allons y agissons et aimons !"
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