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Quand la mer monte, faire face à la hausse des océans

Un article rédigé par Stéphanie Gallet - RCF, le 18 septembre 2024 - Modifié le 19 septembre 2024
Je pense donc j'agisQuand la mer monte : comment comprendre ce phénomène ?

C'est depuis l'une des îles du Pacifique, que le 27 août dernier, Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU, lançait un SOS mondial face à la montée des eaux dans cette partie du monde. "L'élévation du niveau des mers est une catastrophe mondiale déclarait-il qui met en péril ce paradis du Pacifique." Dans l’émission Je pense donc j'agis, Philippe Poirier-Coutansais du Centre d'Études Stratégique de la Marine et Pamela Gericke de l’ONG Surfrider échangent sur ce  phénomène qui touche tous les océans, pour en expliquer les causes et en comprendre les conséquences.

campagne sous mer de Surfridercampagne sous mer de Surfrider

C'est une image qui a été reprise par de nombreux médias, sur les îles Tuvalu dans le Pacifique, les terres émergées sont devenues tellement rares que les enfants sont contraints de  jouer sur le tarmac de l'aéroport. Mais si ces îles du Pacifique sont en première ligne face à la montée des eaux, un peu partout dans le monde la mer monte et grignote le littoral. En 30 ans le niveaux des mers aurait ainsi monté en moyenne de 9,4 cm et selon le dernier rapport du GIEC, si les émissions de gaz à effet de serre ne cessent d’augmenter, alors le niveau de la mer pourrait s’élever de plus d’un mètre d’ici 2100.

La faute au réchauffement climatique

C’est bien le réchauffement climatique provoqué par l’activité humaine qui est à l'origine de la montée des océans. D’une part, parce que l’eau se réchauffant, elle se dilate et d’autre part, parce que la fonte des glaciers et de la calotte glacière augmente la quantité d’eau. 

532 millions de personnes vivront sous le niveau de la mer à l’horizon 2100.

Au-delà des conséquences pour les habitants du Pacifique, la hausse du niveau de la mer peut s’observer un peu partout sur le littoral français. Et Paméla Pamela Gericke de Surfrider de citer l’exemple du Signal, ensemble d’habitats collectifs construit à la fin des années soixante à Soulac-sur-mer en Gironde à deux cent mètres de la côte et dont la destruction a été actée en 2023 comme un symbole de l’érosion du littoral. Autre exemple en Vendée, cité par Cyrille Poirier Coutansais, auteur du livre La Mer, une infographie avec la commune des Sables-d’Olonne qui ne trouve plus d’assureurs pour la couvrir contre les risques de submersion ou de tempête. Pour Cyrille Poirier Coutansais du Centre d’Etudes Stratégiques de la Marine, "on assiste à un double mouvement parallèle qui complique encore plus la situation”. D’un côté, la mer continue de monter et de l’autre, les gens sont toujours plus nombreux à vouloir vivre sur ses côtes car les littoraux concentrent l'essentiel de l’activité économique. Résultat, de plus en plus de personnes sont directement concernées par la hausse du niveau des mers.

Pour Paméla Gericke, "la nature non plus n’a pas le temps de s'adapter au réchauffement” et les conséquences sont autant en mer que sur terre avec des remontées de poissons vers le nord et la prolifération d’algues ou de méduses qui bouleversent  la vie humaine et des activités comme la pêche.

Il est encore possible d'atténuer la montée des eaux

On n'empêchera pas la mer de continuer de monter mais on peut atténuer cette tendance si on diminue drastiquement nos émissions”, explique Paméla Géricke. Or quelque chose se passe, on assiste depuis quelques années à une inflexion des émissions de gaz à effet de serre aux Etats-Unis, en Europe et désormais aussi en Chine. Entre 2003 et 2022 le recours aux énergies renouvelables a été multiplié par 50% et pour Philippe Poirier Coutansais une “dynamique est en marche à travers le monde pour sortir des énergies fossiles et cela a de vraies conséquences sur notre environnement”,  même si on agit à chaque fois pour le long terme car comme le rappelle Pamela Gericke "les molécules de CO2 restent une centaine d’années dans l’atmosphère.

Gérer l’adaptation 

Construire des kilomètres de digues ne servira à rien. Il faut, pour continuer à pouvoir vivre à proximité de la mer, cesser de construire là où ce n’est pas déjà construit, rendre des terres à la nature, permettre  la mise en marais de certains espaces. La France, explique Philippe Poirier-Coutansais, est plutôt bien préparée avec l’existence déjà ancienne du Conservatoire National du Littoral qui a permis la préservation d’espaces naturels et a contré une bétonisation et une artificialisation intensive comme on peut le voir dans d'autres pays d’Europe comme en Espagne. 

Mais pour continuer de se préparer, l'essentiel est de bien anticiper pour que les budgets nécessaires soient dégagés et étalés mais aussi pour que le constat de l’impossibilité de continuer à vivre aussi proche de la mer soit partagé par tous. Détruire une maison, abandonner un quartier n’est pas un acte anodin. On touche au patrimoine affectif, à la mémoire des habitants et il est important que toutes ces décisions soient prises en y associant les riverains concernés, explique Philippe Poirier Coutansais. L'association Surfrider a ainsi pu travailler à la sensibilisation des citoyens pour faire changer les perceptions des séjours et de la vie au bord de la mer raconte Paméla Géricke.

En fait, les changements importants ne pourront se réaliser qu’en s’appuyant sur un nouvel imaginaires pour développer un autre rapport à la mer conclut Cyrille Poirier-Coutansais. Si des mangas comme One piece ont pu renouveler l’engouement pour le grand large et l'épopée maritime, il nous faut d’autres récits pour envisager une autre histoire humaine plus respectueuse de l’élément marin.

 

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