En ce début d’année, les consultations de l’horoscope se multiplient. Angoisse pour l’avenir ou goût des sciences, cet intérêt pour la prédiction révèle une recherche de réponses aux questions existentielles de chacun. Est-ce une inquiétude collective révélée par cet engouement ou une quête de sens ?
Horoscope, astrologie, boule de cristal, plusieurs pratiques existent dans notre société à destination des personnes qui cherchent à regarder leur avenir. En effet l'idée que les évènements à venir puissent être connus d’avance tend à rassurer face à l’incertitude de la fuite du temps. "Il y a une idée commune qui se soustrait de l’aléa car l’absurde est angoissant" explique Patrick Clervoy, médecin, psychiatre en opération militaire. Face à l’incertitude du monde, tenter de connaître l’avenir pour mieux contrôler les événements de sa vie permet de se rassurer.
Mais cette anticipation de l’avenir se retrouve aussi dans bien des domaines comme l’astrologie ou l’économie. Loin d’interpréter des symboles, les sciences se reposent sur les observations du réel et les hypothèses formulées grâce aux méthodes scientifiques. L’astronome au CNRS à l’Institut d’Astrophysique de Paris Daniel Kunth affirme que l’on peut "prévoir à partir des observations mais on ne peut pas répondre à toutes les questions".
L’anticipation consiste donc à réfléchir sur l’avenir pour savoir comment agir aujourd’hui. Bernard Klasen, prêtre et professeur de philosophie à l'Institut Catholique de Paris développe alors la distinction entre "prédire et prévoir". La prévision est animée par cette curiosité positive qui permet d’anticiper alors que la prédiction repose sur une délégation de la capacité de décision qui prive de liberté.
Finalement cette angoisse existentielle révèle une vision de l’avenir similaire au fatum des Anciens, à une fatalité qui s'abattait sur chacun de nous. Consulter l’astrologie ou l’horoscope révèle le besoin de se représenter un avant et un après pour l’ordre du monde. Il y a donc l’idée fondamentale que l’on peut lire l’ordre du cosmos auquel nous appartenons par le biais de spécialistes pour mettre du sens dans cet ordre.
Mais la question de la liberté est alors bien mise en jeu car nos décisions dépendent de ces consultations. L’économiste Julien Pillot précise même que l'on peut "imaginer que l’économie autour de l’astronomie est très importante car vendre de l’espoir est très lucratif". L’espoir serait en effet ce qui est recherché dans les reflets d’une boule de cristal.
Situé au sein de l’harmonie du monde et face à l’incertitude de l’existence, l’Homme trouverait en l’espérance une force face aux événements. Il s'agit pour Bernard Klasen de "voir les choses comme un don et les recevoir avec gratitude". Mêlée de confiance, l’espérance est plus forte que le malheur et aide à agir pour se reconstruire après un grave évènement. L’espérance sait que l’on est déterminé par des facteurs mais que cela n’empêche pas d’agir. La confiance et l'espérance seraient deux piliers essentiels face à l’angoisse existentielle.
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