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Antoine-Marie Izoard | À Lourdes, les évêques face à leurs responsabilités

Antoine-Marie Izoard | À Lourdes, les évêques face à leurs responsabilités

Un article rédigé par Antoine-Marie Izoard - RCF, le 3 avril 2025 - Modifié le 3 avril 2025
Le point de vue de 7h20Antoine-Marie Izoard | À Lourdes, les évêques face à leurs responsabilités

LE POINT DE VUE D'ANTOINE-MARIE IZOARD - A Lourdes, l'Assemblée plénière des évêques de France se réunit cette semaine. Elle vient d'élire l'archevêque Jean-Marc Aveline comme nouveau président de la Conférence épiscopale. Les évêques de France auront la lourde tâche de reprendre le travail entamé par Mgr Eric de Moulins-Beaufort sur la question des violences sexuelles dans l'Eglise. 

Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne © DRAntoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne © DR

Retour sur l'assemblée plénière des évêques de France, qui se réunit cette semaine à Lourdes. 

La nécessité de poursuivre le travail de Mgr Eric de Moulins-Beaufort  

Une fois encore, en ce mois d’avril, nous voici à Lourdes, au pied de la basilique du Rosaire, pour suivre le travail des évêques, réunis en assemblée, et qui ont élu hier soir le nouveau président de la Conférence épiscopale : l’archevêque de Marseille, Jean-Marc Aveline. Avec les deux vice-présidents et les membres du Conseil permanent qui doivent être désignés aujourd’hui, ils vont devoir, les années qui viennent, poursuivre le travail entamé avec courage et ténacité par Mgr Éric de Moulins-Beaufort, parfois contre une partie de l’épiscopat. Mais après 6 années de mandat marquées par le rapport de la CIASE puis la mise en place d’un arsenal de mesures pour faire de l’Eglise une maison sûre, les évêques ne peuvent plus faire marche arrière.

Session spéciale à Lourdes sur la gestion des violences dans l'Eglise    

Tout ou presque change à la tête de l’épiscopat, alors que nombre de fidèles vos auditeurs peut-être n’en peuvent plus d’entendre parler de ces affaires sordides et qui entachent l’Eglise, on peut légitimement s’inquiéter que les évêques passent à autre chose, et on a forcément tous (un peu) la tentation de tourner la page. 

Ainsi, alors que lundi matin je m’installais dans le grand auditorium de la Cité Saint-Pierre, sur les hauteurs de Lourdes, pour une session spéciale sur la gestion des violences sexuelles dans l’Eglise, un évêque assis à mes côtés me glissait à l’oreille sa lassitude : « encore, et encore, me dit-il, nous allons devoir évoquer ce sujet ». Oh combien je le comprends, tant il est douloureux ce sujet, et tant nous préférerions passer ce temps-là à annoncer Jésus Christ. Oh combien je le comprends, je n’aime pas ce visage sombre qu’offre l’Eglise. Oh combien je le comprends, peut-être que dans son petit diocèse, il a fait le nécessaire et, par chance, n’a plus l’occasion de rencontrer de nouvelles victimes, mais le silence, ce silence qui empêche encore tant d’hommes et de femmes de parler tant ils ont souffert, ce silence que l’institution, ou nous-même, avons tant ménagé tant il nous rendait service, ce silence pèse. Il a été brisé lors des deux journées de sessions, de bilan du travail à accomplir et des pas supplémentaires à faire dans la lutte contre toute forme d’abus : une fois encore, toute l’assemblée a été retournée par la parole des victimes.
 

Surgissant, au terme d’une table ronde, Olivier Bunel, l’une des victimes du pensionnat Notre-Dame de Bétharram, situé à quelques kilomètres d’ici, a raconté son calvaire dans les années 1980. Il a fait le récit de deux années d’internat comparables à l’enfer, soit 71 semaines de cours, 71 agressions : des violences, des viols. « J'ai été laissé en pâture à des religieux tyranniques et un laïc pervers, sadique et pédophile », a lancé l’homme de 54 ans aux évêques présents, avant de lâcher : « Bétharram a détruit ma vie tout entière ». Devant les évêques, une nouvelle fois sidérés par un tel témoignage, cette petite phrase inattendue à l’égard d’une Eglise qui avait pourtant totalement ignoré sa souffrance depuis 40 ans : « messieurs je vous remercie, j’ai rencontré ici des hommes à l’écoute, Bétharram ce n’est pas l’Eglise ! ». Oui, ces violences innommables ne sont pas l’Eglise. Pour lui, pour les autres, ni nous ni les évêques ne pouvons tourner la page !

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le point de vue de 7h20
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