Édito d'Antoine-Marie Izoard - Soif de Dieu

Me voilà donc encore inondé de la joie de Pâques, bien qu’un sondage ait bien tenté d’obscurcir cette joie toujours aussi rafraîchissante : "La foi recule en France", a ainsi lapidairement résumé l’Agence France-Presse en publiant, le Vendredi saint, les chiffres d’une enquête d’opinion. Selon ce sondage, 44% des Français interrogés disent croire en Dieu, toutes religions confondues. Ils étaient 49% il y a deux ans à peine, et 56% en 2011 ! Nombre de nos compatriotes n’ont plus la foi et ont perdu même tout repère culturel religieux. Mais sérieusement, l’ignorions-nous ? C’est indéniable, une partie du monde qui nous entoure a perdu le sens de Dieu. "L’homme a facilement le sentiment que Dieu est un être lointain, irréel, et c’est là ce qu’il y a de pire", disait déjà Romano Guardini. Mais ce n’est pas Dieu qui s’est éloigné, mais bien le monde qui s’est fermé à Lui, comme les disciples apeurés dans l’Évangile de ce dimanche, qui ont verrouillé les portes après que le Christ a été mis à mort.

Un sondage ne dit pas tout ! Un autre chiffre doit être regardé avec attention : celui du nombre des baptisés de la nuit de Pâques en France. Ils étaient, cette année, près de 5.500 adultes à être plongés dans l’eau qui donne naissance à de nouveaux chrétiens, soit un millier de plus que l’an passé ! Et depuis une dizaine d’années, ce chiffre ne cesse de progresser ! Bien sûr, il est à mettre en balance avec la baisse constante du nombre de baptêmes de nouveau-nés, mais il démontre que des adultes et des jeunes sont capables de se laisser saisir par l’amour de Dieu révélé en Jésus-Christ.

Ces nouveaux chrétiens sont d’autant plus valeureux et exemplaires que le visage qu’offre l’Église n’est pas toujours bien séduisant, et que le monde est loin d’être porteur. Leur choix réfléchi nous oblige, et s’ils ont entamé la course exigeante des croyants, nous ne saurions les abandonner après cette étape décisive qui change toute vie. Si notre témoignage a pu les amener au Christ, le leur est un message inouï et puissant pour le monde : oui, le Christ attire à Lui de nouveaux enfants. Sans faire de bruit. Loin des sondages d’opinion. La foi recule en France ? La belle affaire ! Ce vide béant ne demande qu’à être comblé. Des hommes et des femmes ont encore soif, et l’eau qui a coulé au baptistère dans la nuit de Pâques engendre des vies nouvelles. Si la foi recule, Dieu, Lui, est proche !