
LE POINT DE VUE D'ELISABETH WALBAUM - Retour sur l’annonce de l’augmentation des droits de douane par notre voisin outre Atlantique, pas si facile que ça à mettre en œuvre. On a entendu les nouvelles annonces de Trump, ce qui pose des questions sur les répercussions du protectionnisme. Une forme de repli sur soi qui n’est pas, selon Elisabeth Walbaum, une valeur sure.
Vous sentez le climat délétère ? C’est le printemps, et nous voilà assombris par les éléments internationaux. Face à la volonté américaine de revenir à un protectionnisme plus dur via l’augmentation des droits de douane, malgré la « trêve » de 90 jours annoncée, la tentation au repli est de plus en plus forte. Une réaction en chaine s’annonce. Tu te replies, je me replie, nous nous replions… Pour parvenir à quoi ? Il y a une citation, attribuée à l’économiste français du 19 ème siècle, Bastiat, qui dit : “Quand les marchandises ne franchissent pas les frontières, les armées le font.”
Je crois que le protectionnisme est un moyen pour préparer une économie de guerre, on l’a vu déjà plusieurs fois dans l’Histoire. Et en tous les cas un marqueur de fermeture. A contrario par conséquent, le libre échange est plutôt facteur de paix. Quasiment instantanément, le repli sur soi crée un climat de méfiance, alimente les tensions et peut servir de levier aux idéologies agressives, conduire à des dérives autoritaires ou corporatistes. Quelle angoisse ! On pressent le risque pour les plus vulnérables, les conséquences pour l’emploi, l’accroissement du taux de chômage. Les trappes de pauvreté qui s’ouvrent, et l’atterrissage sans douceur dans nos associations d’action sociale déjà débordées, à la Fédération de l’Entraide protestante comme ailleurs.
Cela me fait penser à un verset biblique, du premier Testament, dans le livre des Rois qui nous raconte l’histoire du Prophète Elie : « Élie entra dans une caverne, où il passa la nuit. Alors le Seigneur lui adressa la parole : ‘Pourquoi es-tu ici, Élie ? ‘. »
Alors voilà. Comme toutes les créatures que Dieu a créées, comme l’autruche qui met sa tête dans le sable ou l'escargot qui se rétracte dans sa coquille, Elie et moi, Elie et nous, nous entrons parfois dans une caverne pour y passer la nuit, croyant alors fermement -et de manière toute illusoire- y être à l’abri. La vie nous est sans doute devenue trop douloureuse, ou trop dure, ou trop violente. Peut-être avons-nous honte, ou peur, ou dépassé nos limites. Par moment, comme Elie, nous avons vraiment besoin de nous replier sur nous-mêmes.
Passée la nuit, il faut pouvoir entendre la voix qui nous pousse à sortir. Un autre, Autre, avec un A majuscule, nous appelle à regarder plus loin, ailleurs. Il fait jour au lendemain de nos peurs. Il y a de la lumière au-delà de nos obscurités. Il y a du bon, du vrai, de l’essentiel à oublier notre toute puissance supposée. Car je ne suis pas une valeur sûre pour moi-même, et personne ne l’est. La valeur sûre, entre introspection nécessaire et repli temporaire est ouverture aux autres.
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
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- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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