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En Birmanie, les civils sous les bombes, par Guillaume Mariau

Un article rédigé par Guillaume Mariau - RCF, le 2 décembre 2024 - Modifié le 2 décembre 2024
Loin des yeux, près du cœurEn Birmanie, les civils sous les bombes, par Guillaume Mariau

LA CHRONIQUE DES ENFANTS DU MÉKONG - De retour de Birmanie, Guillaume Mariau y a constaté les conséquences encore bien présentes des bombardements de 2021.

Guillaume Mariau © DRGuillaume Mariau © DR

Je reviens de 15 jours en Birmanie qui m’ont profondément marqué. Une mission émouvante et éprouvante dans ce pays déchiré par la guerre. Ce que j’ai vécu me donne encore des frissons. J’ai été dans l’état Karen, zone très isolée à l’est de la Birmanie, à quelques encablures de la frontière Thaïlandaise. Imaginez des villages sans électricité, sans route goudronnée, sans internet. Un peu la Lozère au 18ème siècle. La vie dans ces montagnes est dure car les villageois dépendent énormément de la météo, des typhons, des sécheresses. Mais depuis 2 ans, ce qui rend la vie encore plus éprouvante pour tous ces villageois, ce sont les bombes que l’armée envoie régulièrement pour semer la terreur.

Un contexte compliqué

Le 1er février 2021, l’armée a pris possession du pouvoir par la force, n’acceptant pas le résultat des élections. Un coup d’état contre son propre peuple qui avait massivement voté pour le parti d’Aung San Su Khi.

Depuis, des armées et milices se sont constituées un peu partout dans le pays pour faire entendre la voix du peuple. L’armée a perdu beaucoup de territoires en 2023 / 2024 et se venge à présent en larguant des mines anti personnelles un peu partout dans les zones perdues et ainsi que des bombes sur les villages et villes qu’ils ont perdus… L’armée cible des écoles, des églises, des temples. Ils survolent les villages la nuit et larguent des bombes à fragmentation quand ils voient des lumières.

Les bombes à fragmentation, ce sont des bombes qui envoient des milliers de petits fragments en métal à 100 m autour de l’impact pour tuer un maximum de civils. Alors j’ai vu partout des tranchées, les gens y courent pour s'y abriter dès qu'ils entendent le bruit des avions.

Comment poursuivre une éducation normale ?

C’est là que la résilience des habitants se manifeste avec le plus de force. Malgré l'adversité, l'école continue. Les classes se tiennent dans des structures brinquebalantes faites de bambou sous des toits de paille, dans des conditions très rudimentaires. Les enseignants font preuve d'un courage remarquable. Ils incarnent cette citation de Dostoïevski que j’apprécie beaucoup : "Plus la nuit est sombre, plus les étoiles brillent." Ils sont la lumière dans l'obscurité de ces enfants.

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Loin des yeux, près du cœur
©RCF
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