La petite Église missionnaire du Laos, par Romaric Bexon
En partenariat avec ŒUVRES PONTIFICALES MISSIONNAIRES
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LA CHRONIQUE DES ENFANTS DU MÉKONG - Aujourd’hui, Antoine Besson attire notre attention sur un pays dont on parle peu souvent, mais qui traverse pourtant une crise économique sans précédent : le Laos.
J’aimerais vous emmener ce matin dans les coulisses du reportage publié le mois dernier dans notre magazine Asie Reportages.
Petit pays enclavé entre l’imposante Chine, le Vietnam, champion de la croissance, la Thaïlande moderne, la Birmanie en guerre et le Cambodge, qui a longtemps attiré les regards compatissants de la planète, le Laos est aujourd’hui quelque peu oublié. Pourtant, alors que l’économie des pays voisins a globalement suivi une tendance positive (à l’exception de la Birmanie, pour les raisons que l’on connaît), le Laos, lui, est englué dans une récession profonde. La population y vit de plus en plus difficilement, et la situation des enfants rappelle celle d’un autre siècle.
Les indicateurs économiques sont alarmants. En 2022, le Laos est entré dans une crise financière sans précédent, principalement en raison du ralentissement économique de son principal partenaire, la Chine, et des répercussions de l’invasion russe en Ukraine, qui a fait exploser le cours du pétrole. La dette publique a connu une augmentation vertigineuse de 966 %, et le kip, la monnaie locale, s’est effondré face au dollar américain, perdant 90 % de sa valeur.
L’inflation atteint des sommets, rendant les biens et services 3 à 10 fois plus chers, alors même que les salaires stagnent, voire diminuent, tandis que les emplois se raréfient. L’État, contraint de réduire drastiquement ses dépenses pour rembourser sa dette, néglige les investissements essentiels. Ainsi, de nombreux fonctionnaires, notamment les enseignants, ne sont plus payés. Les dépenses publiques en éducation sont passées de 3,2 % du PIB en 2013 à 2,1 % en 2019, et ne représentent aujourd’hui qu’environ 1,4 %. La Banque mondiale parle d’une "décennie perdue" pour les enfants du pays.
Parallèlement, une économie souterraine capte les profits, stockés à l’étranger dans des devises plus stables, aggravant la situation. Mais derrière ces chiffres macroéconomiques, ce sont des vies humaines qui se brisent.
Les enfants subissent directement cette crise économique. Prenons l’exemple de Lounni, une jeune fille de 14 ans vivant à Paksé, dans le sud du pays. Après l’école, elle n’a que quelques instants à passer chez elle avant de se changer : elle troque son uniforme d’écolière, chemise blanche et jupe bleu marine, contre un crop top et une jupe claire. Elle se maquille pour paraître plus âgée, puis se rend dans un café où elle travaille de 16 h 30 à minuit.
Dans cette gargote où elle sert des hommes souvent ivres ou querelleurs, Lounni gagne 1,1 million de kips par mois, soit à peine 50 euros. Ce revenu est essentiel pour sa famille : sa mère est journalière et son père, paralysé par une maladie incurable, ne peut plus travailler. Lounni n’aime pas ce travail, mais elle n’a pas le choix. Son avenir se réduit à trois options : se marier à 16 ans pour ne plus être une charge pour ses parents, partir travailler à l’étranger au risque d’être exploitée ou tombée dans des trafics d’êtres humains, ou poursuivre ses études – à condition de trouver une aide extérieure pour financer sa scolarité et sa subsistance.
Pour l’instant, Lounni a la chance d’avoir une marraine qui l’aide à conserver un peu d’espoir. Mais comme elle, des milliers d’enfants aimeraient bénéficier de ce luxe : pouvoir choisir l’école plutôt que la survie.
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