Hamou Bouakkaz se penche sur une question particulièrement intime et douloureuse, celle de la fin de vie.
Vous ne vouliez tout de même pas que je vous parle de la reine d’Angleterre ! Encore que ce dont je veux vous entretenir nous ramène un peu à elle ! Quelle différence y a-t-il entre le roi et le président de la République ? Le roi prétend guérir les écrouelles tandis que le président prétend combattre pour mourir dans la dignité ! Les deux quêtes sont également vaines. La mort est le seul rendez-vous que nul ne manquera et elle est toujours inacceptable, n’arrive jamais au grand jamais au bon moment, pour soi mais aussi et surtout peut-être pour l’entourage.
Rappelons qu’en France, le suicide assisté et l’euthanasie sont interdits. Un large mouvement d’opinion pousse à changer la loi et à se rapprocher des législations belges et suisses qui les autorisent dans certains cas. Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a d’ailleurs ouvert la voie à une évolution législative en préconisant une application éthique d’une aide active à mourir dans des cas très précis.
Or, la loi Léonetti permet au patient de demander l’arrêt des traitements. Il peut demander à ne plus souffrir et tous les médicaments doivent lui être administrés à cette fin même si la mort doit en résulter. Enfin, le médecin est autorisé à mettre le patient en sédation profonde.
Le président de la République a demandé au Conseil économique social et environnemental (CESE) d’organiser une convention citoyenne pour débattre de cette épineuse question. Une convention citoyenne consiste à réunir des citoyens tirés au sort, à leur permettre de rencontrer tous les spécialistes d’une question afin qu’ils rendent un avis. Celui-ci sera rendu d’ici mars 2023. Je soutiens cette initiative.
Trop souvent, le débat sur ces questions fait rage à l’occasion d’un fait divers douloureux autour duquel chacun est invité à prendre parti. Le consensus médiatico-politique des sachants milite pour une évolution de la loi, proclamant que l’opinion publique la souhaite et que ceux qui s’y opposent sont des ringards obtus ou fanatiques. La fin de vie mérite de la sérénité.
Avant de faire évoluer la loi, vérifions, c’est la moindre des choses, qu’elle est bien appliquée ! Tout le monde sait qu’elle ne l’est pas ! Il manque des services de soins palliatifs ! Le personnel formé est insuffisant et le cadre légal est très mal connu des soignants comme des malades. En contrepoint, les sociétés suisses et belges ne se sont pas déstructurées suite à l’adoption de l’autorisation du suicide assisté ou de l’euthanasie.
L’urgence me semble-t-il est moins de pouvoir mourir dans la dignité que de pouvoir vivre en égale dignité ! Et de ce côté-là, un long chemin reste à faire ! Car à la fin des fins, comme le chante merveilleusement Alain Souchon, la vie ne vaut rien mais rien ne vaut la vie !
Retrouvez Hamou Bouakkaz, expert diversité et handicap, chaque semaine dans la Matinale, le lundi à 6h55
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