Marseille
POINT DE VUE DE NATHALIE LEENHARDT - Le mot mentorat est beau. Il tire son origine étymologique, le saviez-vous Pierre-Hugues, de L’Odyssée. Il renvoie au moment où Ulysse charge son ami Mentor de l’éducation de son fils Télémaque à son départ pour Troie. Pour ma part, je l’ai découvert dans cette passionnante étude qui vient d’être publiée par l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep).
Toujours selon cette étude, ce système reflète l’idée d’une « relation transitionnelle » qui perdure sur le long terme et combine « transmission et protection ». Il s’agit de l’accompagnement par un adulte d’un jeune pour l’aider sur son chemin vers l'autonomie, son orientation, son insertion professionnelle et sociale... Le gouvernement a lancé en 2023 l’opération "1 jeune, 1 mentor" dont 160 000 jeunes ont bénéficié. C’est pourquoi l’Injep publie aujourd’hui ce premier bilan d'étape.
A lire ce travail, on comprend que le terme est un peu fourre-tout, tant les notions de coaching, counselling, parrainage, tutorat, compagnonnage sont parfois utilisées de manière interchangeable.
Elles ont surtout l’intérêt de mettre à jour un certain nombre de recommandations sur l’amélioration du système, notamment la nécessaire formation des mentors mais aussi sur l’importance pour ceux-ci de s’engager sur la durée. Bénévoles, ils aident les jeunes notamment à déconstruire "l'autocensure" qui handicape certains, incapables de se projeter dans des études longues ou un métier rêvé, tant leur environnement social est peu porteur. Voire néfaste.
Le second volet de l’étude, en 2025, portera sur les effets concrets sur les jeunes eux-mêmes. Il n’y a pas de recette miracle. Il n’empêche : quand la relation fonctionne, quand elle s'enracine dans le temps, les résultats peuvent être magnifiques.
Oui car l'une de mes filles a travaillé dans l’association Parrains par mille qui met en lien des adultes avec soit des enfants suivis par l’Aide sociale à l’enfance soit des jeunes mineurs isolés. Souvent elle a partagé des témoignages qui mettent du baume à l’âme humaine, comme celui de ce jeune parrainé pendant des années qui a réussi son bac, mène aujourd’hui ses études, est maître de sa vie... Il parlait avec des mots magnifiques de la relation tissée avec sa marraine qui ne l’a jamais lâché quand la vie était dure.
Ces parrains et ces marraines, dûment sélectionnés pour ne pas venir réparer leurs propres failles, deviennent des compagnons au long cours qui ouvrent des possibles...
Leur appellation est bien choisie. Dans la religion chrétienne, n’est-ce pas le rôle des parrains et marraines qui, s’ils témoignent de Dieu dans leur vie, sont aussi là pour échanger, questionner, faire découvrir d’autres réalités. Epauler un ou une jeune, issu de ces quartiers que l'on dit difficiles, élevé par une maman solo qui a du mal à joindre les deux bouts, peut vraiment faire la différence. Sans que soit renié le parent mais qu’il se sente soutenu dans l’aventure éducative.
Par définition, le mentorat doit rester bénévole. Il complète le travail des éducateurs sociaux. Il dit autre chose de la relation humaine, il ouvre à la culture, au gratuit, à la beauté... A tout ce qui permet d’avoir les deux pieds dans le réel et le regard tourné vers le ciel.
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