Le petit club de l’AS Brest est devenu le dauphin du grand Paris Saint Germain. Les valeureux finistériens, dimanche dernier, ont terrassé l’Olympique de Marseille, devant un public enthousiasmé et tellement fier. Le budget des brestois est le 16ème de Ligue 1. Il est près de 12 fois plus petit que celui du PSG et 6 fois plus faible que celui des marseillais.
Les bretons se connaissent puisque l’effectif a peu changé. Les automatismes sont en place. Les hommes s’apprécient et respectent leur entraîneur, sobre et stable.
Et puis, il y a l’envie, cette envie d’avoir envie, aurait dit notre Johnny, ce don de soi, cette volonté de se dépasser pour un idéal qui vous dépasse. Ils ne baissaient pas la tête, ils repartaient à l’attaque et ce sont dans les ultimes secondes que la victoire est arrivée ! Il y avait un supplément d’âme, et comme aurait dit Charles Peguy "les âmes n’étaient pas habituées."
Le sport est la métaphore de la vie. C’est une pièce de théâtre qui célèbre la pâte humaine, comme Balzac l’aurait croqué. C'est le spectacle de la comédie humaine, ses vertus et ses vices, sous nos yeux, nous ignorons tout du scénario.
Le sport m’interpelle chaque jour, dans ma vocation de joueur et donc de baptisé. Je convoque à nouveau Péguy qui disait que le pire des maux, c’est une âme habituée, et donc, sans ressort, sans chute et sans rebond. Peguy nous offrait aussi une merveilleuse formule qui disait "qu’on n’a jamais mouillé ce qui était verni. Dans le monde, nos vocations de joueurs, de baptisés, et de témoins sont précisément de "mouiller le maillot" dans cette pastorale de la transpiration, qui disait qu’une foi sans actes est comme un arbre sans fruits ! Mouillons nos maillots par le rire et les larmes.
Je formule un vœu en ce début de carême : que le maillot du troupeau des chrétiens exhale une belle odeur, celle du travail, du risque, celle du mouvement, celle de la vie ! Ce n’est pas du papier glacé aseptisé ou de la contemplation narcissique, c’est le don de soi qui rend joyeux. C'est un appel eucharistique en somme.
J’ai vibré comme des millions de français devant l’hommage au panthéon, rendu au groupe Manouchian, et à son équipe de résistants. J’ai pleuré devant l’interprétation magistrale du poème d’Aragon, l’Affiche Rouge, par le groupe Feu Chatterton. Cet évènement tragique m’a rappelé le match imposé à un club ukrainien, le FC Start, qui en 1942, devait affronter une équipe composée des meilleurs joueurs du Reich Nazi. Un match piégé qui a passionné le journaliste et écrivain Pierre-Louis Basse. Il en a produit un livre Gagner à en mourir. Il était demandé aux joueurs de lever le pied. Ils refusèrent la compromission. Ils étaient des dribbleurs fous et insouciants qui préfèrent la mort à un match arrangé. La victoire leur offrait la mort. Ils choisirent de jouer et de gagner. D’aller jusqu’au bout, entre la ferveur et la peur. Ce fut un martyr de sportifs en quelque sorte.
A l’issue du match, certains joueurs furent jetés d’un ravin, ou exécutés d’une balle dans la nuque. Le gardien de but, Trusevitch, refusa de se mettre à genoux, pour demeurer debout et affronter la mort. Debout, comme la posture des slaves pendant la divine liturgie, pour célébrer et accueillir la résurrection.
Le geste sportif et spirituel que nous pouvons poser : ce sera d’oser, de faire un geste de courage et d’audace, de mouiller le maillot, de dépasser nos peurs et nos habitudes. Par exemple, ce sera témoigner explicitement de notre espérance et la partager à un collègue, un coéquipier, lui offrir un compliment, lui émettre une parole de bénédiction ! Vous verrez ! On en sort meilleur, allégé et heureux !
A l'approche des Jeux Olympiques, Arnaud Bouthéon revient chaque semaine sur l'actualité sportive avec un regard chrétien. Il propose aussi un geste concret pour transformer son quotidien grâce à l'expérience des sportifs !
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
En partenariat avec REVUE PROJET
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !