LE POINT DE VUE DE PIERRE DURIEUX - Au lendemain de la fête des mères. Pierre Durieux, secrétaire général de l'association Lazare, a une pensée pour les mamans du monde entier qui ont perdu leur enfant.
C’est une histoire bien triste que je vous raconte en ce lundi matin : une goélette bretonne nommée de Gallant a coulé au large des Bahamas, la semaine dernière. A son bord, huit personnes : six ont pu être secourues et deux sont portées disparues, et probablement décédées, à l’heure où je vous parle. Il se trouve que je suis lié à la maman de l’une des deux victimes présumées. Et j’ai pu assister de près à l’immense chaîne de prière qui s’est constituée pour intercéder en faveur de ce sauvetage, et pour soutenir les familles dans ce moment tragique.
Après la Fête des Mères, que nous avons célébrée hier, on peut avoir une pensée aujourd’hui pour toutes les mamans d’un enfant, décédé ou disparu… pour qui cette fête résonne différemment, douloureusement, insupportablement peut-être.
Oui, dans quelques jours, nous fêterons le 80e anniversaire du débarquement de Normandie. Combien de mères américaines, canadiennes, anglaises n’ont jamais revu leur enfant ? Combien n’ont même pas pu toucher le corps de leur fils une dernière fois, ni même s’approcher d’une tombe… ? On peut aussi penser aujourd’hui à toutes les mères israéliennes et palestiniennes, ukrainiennes et russes… qui sont dans ce cas !
Au fond, c’est la destinée de la Vierge Marie elle-même !
Oui, quoique Marie, a pu recevoir dans ses bras le corps de Jésus. La pieta de Michel-Ange nous aide à imaginer la tendresse avec laquelle elle a entouré son fils défunt. Oui, Marie a probablement mis la main dans les cheveux de Jésus, et puis sur ses paupières. Et puis, elle a dû poser ses lèvres une ultime fois sur le front du Christ. Eh bien, certaines mamans n’auront jamais ce privilège, elles resteront comme empêchées de ce dernier contact. Quelle douleur, en plus !
Alors que l’on aime tant discuter liturgie dans notre Eglise de France, et sur la manière de bien donner et recevoir la communion… Au-delà de nos habitudes et de nos préférences légitimes... J’aimerais suggérer que nous puissions recevoir ce corps, comme une mère recueille le corps de son enfant. D’autant que ce n’est pas le corps d’un mort que nous recevons, mais le corps d’un Vivant, d’un ressuscité… Comme Marie-Madeleine, qui étreint le Christ au matin de la résurrection, et qui ne veut plus le lâcher, saisissons-nous de ce pain eucharistique, avec passion, avec la fougue brulante des retrouvailles, d’un être très aimé qu’on a eu si peur de perdre.
Dimanche prochain, en vous approchant de l’Eucharistie, ayez le regard amoureux de celui qui retrouve son amour, et qui ne le lâchera plus !
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